Etats-UnisLa Fed va intensifier sa création monétaire
La banque centrale des Etats-Unis (Fed) devrait annoncer mercredi une mesure pour créer encore plus de monnaie qu'elle ne le fait déjà, afin de soutenir l'économie du pays.
Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) se réunit pour deux jours à partir de mardi, pour réfléchir notamment à la suite à donner à son action après le 31 décembre, date à laquelle prendra fin son «opération Twist».
La Réserve fédérale maintient son taux directeur quasi nul depuis bientôt quatre ans. L'opération Twist est l'un de ses programmes dits non conventionnels lui permettant de prolonger son action pour peser au maximum sur le niveau des taux d'intérêt, du plus court au plus long terme, afin de favoriser la consommation, l'investissement et la reprise du marché immobilier.
Mi-novembre, la Fed a annoncé qu'elle envisageait d'augmenter ses opérations de rachats de titres sur les marchés à partir de janvier, pour compenser la fin du «Twist», qui, en l'absence de mesure compensatoire entraînera automatiquement un resserrement de la politique monétaire.
La banque centrale a pour mission d'assurer le plein emploi et la stabilité des prix.
Signes de ralentissement
A l'heure où le chômage est encore extrêmement élevé (le taux officiel de 7,7% ne reflétant qu'imparfaitement l'ampleur du fléau) et l'inflation contenue, une majorité de membres du FOMC semble favorable à un nouveau programme qui prendrait le relais de l«'opération Twist», d'autant plus que la croissance économique, peu vigoureuse, donne d'inquiétants signes de ralentissement.
Lancée en septembre 2011 l'opération Twist sert à augmenter la maturité moyenne du portefeuille de bons du Trésor détenus par la Fed. Elle lui permet chaque mois de céder des obligations d'Etat américaines pour un montant de 45 milliards de dollars (42 milliards de francs), et de racheter pour un montant égal de titres identiques mais arrivant à échéance à une date plus tardive.
Ce programme n'entraîne aucune création de monnaie contrairement à celui de rachats directs de titres adossés à des actifs immobiliers (à hauteur de 40 milliards de dollars par mois) que la Réserve fédérale a lancé en septembre et qu'elle prévoit de continuer tant que la perspective du marché de l'emploi ne s'améliorera pas nettement.
Pour les économistes du cabinet IHS Global Insight, «la Fed devrait augmenter (sa création monétaire) grâce à des achats de bons du Trésor à long terme pour maintenir son concours monétaire à son niveau actuel».
Risques sur la croissance
Les rachats directs d'obligations d'Etat à long terme sont globalement perçus comme plus efficaces sur le plan macroéconomique, à montant égal, que les échanges pratiqués par le biais de l'«opération Twist». Plusieurs analystes ou dirigeants de la Fed estiment qu'un programme de rachats de bons du Trésor à hauteur de 25 milliards de dollars par mois reviendrait à maintenir le cap de la politique monétaire actuelle.
Certains analystes pensent néanmoins que le FOMC pourrait décider d'assouplir encore sa politique monétaire compte tenu du ralentissement économique actuel et du fait qu'en l'absence d'accord entre le gouvernement et le Congrès pour éviter une cure de rigueur budgétaire à partir de janvier, l'hypothèse d'une réduction des dépenses publiques et d'une hausse des impôts, qui ne serait pas sans conséquence sur la croissance, ne peut être exclue.
Ainsi, pour Peter Newland, de Barclays Capital, la Fed s'apprête à lancer «un programme de rachats directs de bons du Trésor au rythme de 45 milliards de dollars par mois», ainsi que l'a préconisé récemment Eric Rosengren, un des membres du Comité. (ats)