Montreux Jazz FestivalCascade d'exclusivités en riposte à la concurrence
Le 43e Festival de jazz de Montreux va débuter dans un contexte de crise économique mondiale et de forte concurrence.
»Si possible, nous évitons de nous répéter d'une édition à l'autre», explique le directeur du festival Claude Nobs. «Cette année, plus de 50 groupes qui se produiront à l'Auditorium Stravinski ou au Miles Davis Hall ne sont jamais venus! Et ceux qui reviennent présentent quelque chose de différent.»
Cette stratégie initiée depuis des lustres s'intensifie. Environ 60 concerts payants sur 95 sont des exclusivités suisses: quasi le double de l'édition 2008. Ce sont principalement ceux de Black Eyed Peas (6 juillet), Lily Allen (7), Die Ärzte (8), Wyclef Jean (11), B.B King (12), Marianne Faithfull (13) et du McCoy Tyner Trio (14).
En première mondiale, un concert associera le pianiste de jazz Herbie Hancock et le pianiste classique Lang Lang le 5 juillet. Claude Nobs a eu l'idée de les réunir après les avoir vu improviser lors des Grammy Awards 2008 à Los Angeles. Parmi d'autres événements, trois soirées fêteront Chris Blackwell, fondateur du label Island il y a 50 ans.
Jeunes talents
»Le festival se repositionne pour se différencier de la concurrence», confirme le secrétaire général Mathieu Jaton. «Le nombre d'artistes en tournée n'est pas époustouflant cette année, donc les festivals européens de gros calibre offrent un peu tous le même programme. Nous faisons un peu figure d'outsider avec toutes ces exclusivités.»
La volonté de se renouveler s'affiche dans l'attention portée aux jeunes talents et aux musiques actuelles programmées avant tout sur les scènes de plein air ou celle du Miles Davis Hall. A signaler Emily Loizeau le 5 juillet, Jamie Cullum (7), Sébastien Schuller (8) et La Coka Nostra (10).
1000 musiciens
Des rythmes cubains lanceront le festival le 3 juillet avec Oscar D'Leon et le collectif «Cubanismo!». Aucune soirée brésilienne n'est programmée mais des animations spécifiques sont prévues samedi 11, dont une parade carnavalesque.
Durant seize jours, Montreux va proposer de la musique de midi à cinq heures du matin. Selon les organisateurs, cela représente «1000 musiciens et plus de 1000 heures de musique».
A moins d'une météo exécrable, le festival draînera 220'000 personnes dont 95'000 pour les concerts et autres événements payants. Le prix d'un billet varie de 10 à 300 francs. La majorité du public afflue pour les 260 concerts gratuits.
Rentable mais vulnérable
Avec un budget de 20 millions de francs, le festival est un mastodonte qui a été plusieurs fois déficitaire. Les deux dernières éditions ont bouclé dans les chiffres noirs à la suite d'une restructuration et l'abandon de la salle du Casino.
»Pour l'exercice 2008, le bénéfice d'exploitation s'élève à 200'000 francs, 18'000 francs après amortissement. Ce qui laisse une faible marge de manoeuvre», fait observer M. Jaton.
»Actuellement, la fourchette du risque financier se situe vers 300'000 francs de bénéfice ou de déficit. Avant la restructuration, c'était grosso modo entre zéro franc et 600'000 de pertes.»
Zurich et Sydney
Pour assurer la pérennité du festival, ses responsables misent notamment sur le «Montreux Jazz Café», un bar-restaurant de standing exploité en franchise. Le premier a vu le jour il y a un an à l'aéroport de Genève. Deux seront inaugurés en 2010: à l'aéroport de Zurich et à celui de Sidney (Australie). D'autres ouvertures sont prévues. (ats)
La monnaie «Jazz» encore acceptée
Les habitués du Festival de jazz de Montreux (VD) pourront encore utiliser leurs «jazz» durant la 43e édition de la manifestation, du 3 au 18 juillet. L'ancienne monnaie officielle abandonnée en 2007 va donc cohabiter avec les francs.
Cette monnaie spécifique avait été introduite en 1995. Ce mode de paiement a déconcerté une partie du public car il n'était pas possible d'échanger ses jazz contre des francs. Au terme de chaque édition, il restait pour environ 150'000 francs de jazz dans les poches des festivaliers.