Malvoyants, mais au volant

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EvénementMalvoyants, mais au volant

Conduire sans rien y voir, guidés par la voix de leur copilote: c'est l'exploit réalisé par six Romands.

Ce jeudi de novembre, ils sont cinq garçons et une fille, âgés de 19 à 27 ans, à se retrouver au circuit du Laquais (F), près de Chambéry. Aveugles ou très handicapés de la vue, de naissance ou non, ces Romands n'ont pour la plupart connu que le siège passager d'une voiture, excepté l'un d'eux qui avait le permis avant de perdre la vue. Mais cet après-midi-là, ils vont prendre le volant.

Pour les assister, ils ont à leurs côtés Line Piguet, animatrice en EMS mais aussi instructrice en pilotage, et Grégory Junod, instructeur au Centre TCS de Cossonay (VD), d'où viennent les deux voitures à doubles commandes qui seront en piste.

Ces apprentis conducteurs sont là pour se faire plaisir et profiter d'une occasion qui ne se représentera peut-être pas de sitôt. Mais pas seulement. «J'ai entendu parler de ces voitures qui se parquent toutes seules, qui roulent toutes seules... Peut-être qu'un jour nous aurons accès à ce genre de voitures. On ne sait jamais», explique Jessica. Les autres acquiescent: toute expérience est bonne à prendre, estiment-ils.

Quatre heures plus tard, les projets d'avenir n'ont plus cours. Seuls l'enthousiasme, la joie et la fierté de la prouesse accomplie demeurent. «J'ai adoré, ça m'a incroyablement fait plaisir», s'exclame Nuno. «C'était nickel, vraiment superbe, renchérit Dann. Le plus difficile, ce sont les distances et savoir à quel moment il faut tourner le volant.» Quant à Kelly, le sourire radieux qui barre son visage en dit long. Et tous sont d'accord pour encourager tous les aveugles et malvoyants à tenter une telle expérience.

Savoir faire confiance à 100%

Même si le but n'était de loin pas de «claquer un chrono», les jeunes ne se sont pas privés de mettre les gaz. On a recensé plusieurs passages à plus de 120km/h. Comment est-ce possible? «Il faut faire confiance à 100% à la personne qui est à droite, on n'a pas le choix», résume Maximilien. A les entendre, c'est facile. Alors on a essayé: bandeau sur les yeux, le tour de piste n'a pas été, disons-le, très concluant. L'admiration pour ces jeunes n'en est que décuplée. Surtout quand on apprend qu'ils pratiquent aussi le ski, le ski nautique, la voile, le parapente, le parachute ou encore le vélo en tandem...

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