Génétique«L'ADN poubelle» joue un rôle essentiel
L'ADN dit «poubelle» occupe en fait une fonction essentielle en exerçant un contrôle fondamental sur l'activité des gènes.
Les scientifiques impliqués dans le projet international ENCODE ont fait un grand pas en avant dans la compréhension du génome humain. Ils ont découvert que l'ADN dit «poubelle», qui ne contient pas de gènes, occupe en fait une fonction essentielle.
Cet ADN poubelle serait en fait une table de contrôle gigantesque, avec des millions d'interrupteurs régulant l'activité de nos gènes en déterminant si ceux-ci doivent être «allumés» ou «éteints», font savoir mercredi les universités de Genève et de Lausanne, toutes deux impliquées dans le projet ENCODE.
«Notre génome est en vie grâce à ces interrupteurs», explique dans un communiqué Ewan Birney du LEBM-Institut Européen de Bioinformatique (LEBM-IEB) au Royaume-Uni. ENCODE a créé une carte détaillée des fonctions du génome en identifiant plus de 4 millions d'interrupteurs génétiques.
80% du génome actif
ENCODE a réussi à démontrer qu'environ 80% du génome a une fonction active. En clair, la proportion du génome qui est responsable du contrôle de la production des protéines est beaucoup plus importante que la part du génome qui fabrique simplement les protéines, qui représente seulement 2%.
«L'analyse de cette nouvelle encyclopédie va sans doute nous occuper pendant plusieurs années, relève dans le communiqué diffusé par les universités de Genève et de Lausanne Stylianos Antonarakis, directeur du département de médecine génétique et développement de la faculté de médecine de l'UNIGE.
Les données d'ENCODE peuvent être utiles pour tous les chercheurs en biomédecine. Dans la plupart des cas, les scientifiques savent en effet quels gènes jouent un rôle dans une maladie mais ignorent quels interrupteurs sont impliqués. ENCODE leur fournit des pistes très prometteuses, relèvent les deux universités lémaniques.
Une immense entreprise
Le projet ENCODE est le symbole d'une collaboration internationale à grande échelle. Il a fédéré les efforts de 442 scientifiques dans 32 laboratoires en Suisse, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, à Singapour et au Japon. Ensemble, ils ont généré et analysé plus de 15 térabytes (15 milliards de bytes) de données brutes.
Ces données sont maintenant intégralement dans le domaine public. Vu leur masse, les résultats des recherches sont publiés selon une nouvelle méthode dans trente articles interconnectés et en libre accès, dans trois revues scientifiques: Nature, Genome Biology et Genome Reseach.
(ats)