Se distinguer grâce à l'art  du smalltalk

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BavardageSe distinguer grâce à l'art du smalltalk

Désormais, des cours vous apprennent à faire la petite conversation en société, histoire de ne pas être largués Mais comment en est-on arrivé là?

Caroline Goldschmid
par
Caroline Goldschmid

C'est un fait, nous sommes tous des handicapés de la communication et de la sociabilisation. Seulement voilà: les exigences de la société actuelle et son haut niveau de compétitivité ne nous permettent plus de nous laisser aller. Il est donc désormais exclu de se pointer à un vernissage ou d'accepter une invitation à un event sans savoir quoi demander à l'autre ou ce qu'il faut dire de soi pour briller. Vous vous en sentez incapable? Pas de panique, le smalltalk – ou l'art de la petite conversation en bon français –, ça s'apprend.

L'offre de cours et autres ateliers ne cesse même de s'étoffer. Si, à Bâle, des modules ouverts à tous sont proposés chaque semaine à la Haute Ecole populaire (www.vhsbb.ch), en Suisse romande, on enseigne notamment le smalltalk en le combinant avec l'apprentissage d'une langue étrangère, le réseautage ou encore les relations commerciales. Se pose toutefois la question: comment en est-on arrivé à devoir suivre des cours pour apprendre à simplement adresser la parole à l'autre?

«Dans cette aire de la communication, c'est en sachant causer, se vendre et convaincre qu'on arrive à sortir du lot», estime Franck Le Vallois, formateur, consultant et auteur du livre Formation déformation (Ed. L'Harmattan). Et d'ajouter: «Comme on va de crise en crise, cela nécessite plus que jamais une capacité d'adaptation.»

Le psychologue Paul Jenny (www.espacelifecoaching.ch), estime que ce genre de cours répond à un besoin social. «La communication est un sujet à la mode, qui vient aussi d'un idéal de performance. L'avènement de tous les médias, comme les SMS, mails, chats et autres réseaux sociaux, ne limite-t-il pas l'apprentissage de la communication?» s'interroge-t-il.

Pour le sociologue Stéphane Haefliger, le siècle «métissé» dans lequel nous vivons explique l'exigence d'apprendre à mieux s'ouvrir aux autres. «Jamais l'individu n'a été autant confronté à l'autre. Aujourd'hui, si ce n'est pas nous qui voyageons, ce sont les autres qui viennent à nous, analyse-t-il. Les relations interpersonnelles que nous devons gérer sont donc sans cesse renouvelées. Du coup, l'art de converser est désormais devenu le critère social absolu de distinction: à l'ère de la transparence, si l'on ne se raconte pas, l'on apparaît suspicieux. Sans oublier la vitesse des interactions: faire bonne impression rapidement, voilà ce qui prime», conclut le spécaliste.

Des cours pour apprendre à maîtriser la petite conversation et briser la glace

Les plus timides ont rendez-vous à l'Université populaire de Lausanne (www.uplausanne.ch). Le cours «Comment initier les premiers contacts dans la vie so­ciale avec chic, charme et séduction» donne des clés pour réussir à briser la glace. Ouvert à tous et divisé en trois séances de deux heures quinze chacune, il se tient une fois par année à l'automne. Prix: 80 fr.

Dans le but d'améliorer ses relations commerciales, les ateliers animés par Didier Grobet (tél. 021 793 16 10) proposent de transformer le smalltalk en smarttalk, c'est-à-dire sortir des banalités et trouver des points communs avec le client ou le partenaire pour prolonger la discussion. Les deux ateliers de trois heures chacun ont lieu trois fois par an durant la pause déjeuner. Prochain rendez-vous en mars. Prix: 500 fr., lunch inclus.

Pour celles et ceux qui cherchent à agrandir leur carnet d'adresses, les modules ouverts à tous «Attitude réseau» abordent notamment la façon dont il faut se présenter, comment développer ses habiletés sociales et les outils pratiques pour maximiser son réseau. Animés par la formatrice Geneviève Morand, ils sont divisés en trois soirées de trois heures chacune. Prochaine session à l'automne. Inscriptions sur: www2.epfl.ch/a3/page84501-fr.html. Prix: 460 fr.

Pour apprendre à mieux se connaître entre collègues, l'école Berlitz organise des «work­shops» de deux journées entières en français, allemand ou anglais, où les jeux de rôle permettent d'exercer l'art du smalltalk dans la langue en question. www.berlitz.ch. Prix: 2500 fr. Inscription et matériel non inclus.

Comment s'ouvrir aux autres

Si vous n'êtes pas encore prêt à prendre part aux jeux de rôle proposés en atelier, commencez par lire un ouvrage sur le smalltalk. Cela vous permettra de vous exercer devant le miroir ou en abordant des inconnus dans la rue. Le grand art de la petite conversation (Ed. Leduc.S), de la papesse américaine du smalltalk, Debra Fine, couvre tout ce qu'il faut savoir sur le sujet. Des phrases «brise-glace» aux formules-prétextes pour s'échapper d'une discussion qui tourne mal, en passant par la maîtrise des introductions et le réseautage, cet ouvrage constitue la bible en la matière.

Dans Small talk, Comment engager la conversation et se faire des amis (Ed. Leduc.S), Florence Le Bras donne des pistes pour trouver la bonne phrase au bon moment et dans diverses situations, comme les transports publics. Quant à la conférencière et formatrice québécoise Lise Cardinal, elle livre des outils pour développer son réseau dans plusieurs de ses livres (www.lisecardinal.com).

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