Claude NobsLe Boss a toujours eu une longueur d'avance
Claude Nobs avait beaucoup de flair et était féru de nouvelles technologies. Ce qui lui a permis de développer pour son festival des projets novateurs et produire des artistes hors normes. Florilège.
Avant de fonder le Montreux Jazz Festival, Claude Nobs, organisait déjà des concerts. Notamment pour le festival télévisé de la Rose d'Or. Ainsi, en 1964, il a fait venir sur la Riviera un tout jeune groupe de rock, The Rolling Stones. Ce show est le premier que les rockeurs ont donné hors d'Angleterre. Pour l'anecdote, l'année précédente, Nobs avait proposé d'inviter les Beatles. La Télévision Suisse romande avait refusé car le groupe n'était pas assez connu.
En 1967, le Vaudois a organisé la première édition du Montreux Jazz Festival. Avec un budget de 10'000 fr., il a programmé, sur trois jours, Charles Lloyd et Keith Jarrett notamment. L'année suivante, Aretha Franklin a donné son premier concert en Suisse au Jazz.
L'année 1971 est à marquer d'une pierre blanche. D'abord parce que le Casino de Montreux a pris feu pendant le concert de Frank Zappa. Et ensuite parce que ce sinistre a inspiré au groupe de rock Deep Purple, qui voyait le Casino brûler depuis sa chambre d'hôtel, le tube planétaire «Smoke On The Water» (voir la vidéo ci-dessous). C'est d'ailleurs dans ce morceau qu'est apparu, pour la première fois, le surnom de Claude Nobs, Funky Claude. Deux ans plus tard, Nobs a fait une rencontre marquante: celle de Miles Davis. Le musicien a joué au Jazz la même année. Au fil du temps, le mythique trompettiste américain est devenu une icône pour le festival, allant même jusqu'à donner son nom à l'une des salles du centre des congrès.
En 1981, Claude Nobs a réalisé un très gros coup. Il a invité James Brown, alors au sommet de sa gloire. La légende raconte que l'Américain aurait eu un caprice insolite. Brown, dans les loges avant son concert, aurait envoyé son chauffeur à bord de sa limousine lui chercher son sèche cheveux resté à l'hôtel. La distance des loges à l'hôtel se compte en centaines de mètres. Une année plus tard, en 1982, Funky Claude a confié la réalisation de l'affiche du festival à un artiste de renommée internationale: le Suisse Jean Tinguely. Cette collaboration perdure encore aujourd'hui. A cette époque, le Fribourgeois avait également dessiné le logo du festival qui est toujours utilisé.
Claude Nobs était également un féru de technologie sonore et visuelle. En 1991, la haute définition n'était qu'à ses débuts. Pourtant, Nobs a décidé d'enregistrer tous les concerts du festival dans ce format. Vingt avant que cette technologie ne soit rendue accessible au grand public. C'est aussi à cette période que l'Américain Quincy Jones a pris de l'importance dans le festival. Le producteur de «Thriller» a coproduit les éditions de 1991, 1992 et 1993. Encore aujourd'hui, Jones est un fidèle du jazz. Chaque année, le MFJ lui consacre une soirée «carte blanche.»
En 2002, le MJF accueille, à ce jour, le dernier concert en Suisse d'un grand ami de son fondateur, le chanteur britannique David Bowie.
En 2009, Nobs a reçu une importante distinction. «Time Magazine» lui a décerné le titre de «Héros Européen». Deux ans plus tard, le fondateur du jazz a été fait doctor honoris causa de l'EPFL. L'édition 2007 a marqué les esprits. Prince s'y est produit et a établi un record. Les 4'000 billets pour son concert au Strav' ont trouvé preneur en moins de 10 minutes. Le Kid de Minneapolis a ensuite réalisé une jam surprise au Café à 3h30 du matin. En 2009, autre gros coup. Le groupe américain The Black Eyed Peas a joué dans un Stravinski archi comble. Ce concert a eu lieu quelques jours seulement après la sortie du titre «I Gotta Feeling» devenu depuis l'un des single les plus vendus de l'histoire. L'année 2009 a aussi marqué le retour de Prince avec deux shows. Les billets se sont arrachés en huit minutes.
En 2010, Claude Nobs a délégué officiellement la direction opérationnelle du festival à son secrétaire général, Mathieu Jaton.