Tuerie de ChevalineDe l'argent saisi dans une banque à Genève
La France a demandé le soutien de divers cantons suisses, suite à la tuerie de Chevaline (F). De l'argent qui serait «lié» à la famille assassinée a été saisi dans une banque genevoise.
La justice suisse a saisi de l'argent sur un compte dans une banque genevoise «lié à la famille» du Britannique d'origine irakienne assassiné dans les Alpes françaises, rapporte vendredi la «Tribune de Genève» sur son site internet. Une information confirmée par le procureur genevois Dario Zanni.
Saad al-Hilli, assassiné il y a un mois avec sa femme et sa belle-mère ainsi qu'un cycliste français, «serait passé à Genève peu avant le drame», écrit également le journal, ajoutant que ce passage et les sommes séquestrées seraient liés à l'assassinat.
La Radio Télévision suisse (RTS) précise pour sa part que ce compte appartiendrait au père récemment décédé de la victime et le montant saisi serait «bien inférieur» aux 6 millions de francs suisses (5 millions d'euros) évoqués dans la presse britannique.
L'enquête porte aussi sur l'arme du crime, mais il ne s'agirait pas d'un pistolet Luger PO8 de fabrication suisse, comme mentionné par certains médias, affirme la RTS.
Mystère toujours entier
Le mystère reste entier un mois après le quadruple meurtre de Chevaline, dans les Alpes françaises, malgré la mobilisation des enquêteurs français et britanniques. Des investigations sont aussi menées dans plusieurs cantons, dont Genève, sur demande des autorités françaises.
Le procureur genevois Dario Zanni enquête sur cette tuerie suite à une commission rogatoire, a indiqué vendredi à l'ats le Ministère public genevois. Des actes ont aussi été requis dans plusieurs autres cantons. Le Ministère public genevois refuse de commenter la nature des actes entrepris.
Les enquêteurs français avaient indiqué s'intéresser à la Suisse comme possible itinéraire de fuite du ou des tueurs. L'existence d'un compte en Suisse a aussi été avancée par plusieurs médias. Les enquêteurs s'intéressent en outre à l'Espagne, pays où est mort le père de Saad al-Hilli et à la Suède, où résidait la grand-mère.
Le 5 septembre, Saad al-Hilli, 50 ans, sa femme Iqbal, 47 ans, et sa belle-mère, 74 ans, de nationalité suédoise, ont été tués par balles à Chevaline, où ils passaient des vacances. Un cycliste français a aussi été abattu, apparemment une victime collatérale. Les deux fillettes de ce couple britannique d'origine irakienne avaient survécu à la fusillade, mais l'aînée a été grièvement blessée.
Profil psychologique
«Tout le monde travaille, mais il n'y a pas de révélation miracle de nature à faire prendre un tour différent à ce dossier», reconnaît vendredi le procureur de la République d'Annecy Eric Maillaud. «Un appel à témoins va être lancé samedi», a-t-il annoncé. L'enquête de voisinage se poursuit à l'aide de photos prises par la famille al-Hilli quelques heures avant le drame.
«On essaye de trouver quelqu'un qui ait pu voir un élément important qui fasse avancer l'enquête, comme le passage de la voiture de la famille ou d'autres véhicules, ne serait-ce que pour minuter avec précision le parcours de cette famille», a expliqué le magistrat.
Des enquêteurs du service des sciences comportementales de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale ont été mobilisés pour tenter d'établir le profil du ou des tueurs, a-t-il souligné. La piste d'un ou plusieurs «vrais professionnels» est «moins vraisemblable», à ses yeux. «On imagine mal un tueur aguerri, payé à prix d'or, tirer une vingtaine de balles», a-t-il estimé.
Nouvelles hypothèses
Trois «axes» avaient dans un premier temps émergé: un litige entre Saad et son frère à propos d'une succession, le métier du père, qui a travaillé pour une société leader mondial des micro- satellites, et son pays d'origine, l'Irak.
«Aucune «hypothèse n'est privilégiée, ce qui ne veut pas dire que l'enquête piétine, bien au contraire», assure pour sa part le lieutenant-colonel Benoît Vinnemann de la section de recherches de Chambéry, chargé de l'enquête. «De nouvelles hypothèses s'ouvrent à nous», ajoute-t-il sans plus de détails.
«Un méchant»
Zainab al-Hilli, 7 ans, témoin direct du drame, avait été brièvement entendue par les enquêteurs à qui elle avait simplement dit avoir vu «un méchant».
«Il n'est pas prévu qu'elle soit réentendue pour l'instant. Je pense qu'on ne pourra tirer des choses que sous la forme de confidences aux travailleurs sociaux et à sa famille et non sous celle d'une audition», a indiqué le magistrat. (ats)