Attentats du 11Septembre«Le rôle du Pentagone n'a pas été éclairci»
L'historien Bâlois Daniele Ganser remet en question la version officielle concernant l'origine des attaques du 11 septembre - au péril de son poste.
Le Bâlois Daniele Ganser est l'un des rares historiens suisses à remettre ouvertement en question la version officielle des autorités américaines quant aux attaques du 11- septembre. Il s'intéresse notamment sur le rôle du Pentagone, une question qui reste sans réponse, estime-t-il.
Lorsque Daniele Ganser a présenté pour la première fois, lors d'un séminaire à l'Université de Zurich son modèle explicatif alternatif concernant les attaques, le monde académique a réagi par l'incompréhension. Il mettait sa carrière en jeu, l'ont prévenu ses collègues.
La majorité des historiens considère une implication du Pentagone ou de la CIA dans les attentats comme des élucubrations. Mais Daniele Ganser, qui s'était déjà fait remarquer par son étude peu conventionnelle sur l'armée secrète de l'OTAN pendant la guerre froide, ne s'est pas démonté pour autant.
Informations contradictoires
Il a demandé à ses étudiants, de se pencher sur les informations contradictoires relatives aux attentats à l'aune de la méthode historique, en effectuant une critique des sources. Il leur a également demandé de confronter entre elles les diverses théories, a expliqué l'historien de 38 ans dans un entretien accordé à l'ats.
Il s'agissait également d'un besoin ressenti par les étudiants, qui s'étaient informés sur les événements de façon complètement différente que leurs parents, notamment par le biais d'internet, et qui accordaient beaucoup moins de crédit aux informations relayées par les médias traditionnels.
«Que savait le Pentagone?»
Daniele Ganser estime qu'il est du devoir d'un historien moderne de reconstituer le discours relatif au 11-septembre, en recourant aux méthodes de l'histoire orale.
Il y a aujourd'hui des témoins de l'époque, issus des cercles du gouvernement Bush, qui ont déjà exprimé leurs critiques par rapport à la version officielle de la commission d'enquête du congrès américain, estime le Bâlois.
«Le problème n'est pas le manque d'informations», argumente-t-il. Il réside plutôt dans la façon de cerner l'énorme flux d'informations et de l'interpréter. La science ne peut pas simplement attendre trente ans, le temps pour que les premières archives des autorités en charge de la sécurité ouvrent leurs portes.
«Quel était le rôle du Pentagone dans le 11-septembre?»: cette question demeure, une décennie après les faits, sans réponse, estime l'historien. «Ne pas la poser serait contredire les principes de la recherche de la vérité». C'est pour cela qu'être taxé de théoricien du complot, ou «de cinglé», irrite le scientifique.
Quant à savoir si une partie des autorités américaines avait connaissance des attaques ou les avait même planifiées, Daniele Ganser ne veut pas se prononcer sur ces questions. «Il se peut que la version donnée par le gouvernement Bush soit la bonne», déclare-t- il. Mais «elle n'est pas acquise de façon historique».