Présidentielle en EgypteLe premier tour s'achève sans accroc
Le premier tour de l'élection présidentielle égyptienne s'est achevé jeudi soir après deux jours de vote sans accroc majeur.

Le premier tour de la présidentielle s'est passé sans accroc majeur.
Peu d'infractions et de violences ont été constatées à l'occasion de ce scrutin au cours duquel ils doivent choisir entre islamistes et hommes de l'ancien régime.
Comme mercredi, les bureaux de vote ont fermé à 21H00 - une heure plus tard que prévu - pour accueillir le plus grand nombre possible d'électeurs. Pour la première journée de vote, la participation avait connu une nette augmentation en fin de journée lorsque la chaleur est retombée.
Le dépouillement des votes a commencé peu après la fermeture des bureaux de vote. Trois heures avant la fermeture, le président de la Commission électorale Farouk Soltane a estimé le taux de participation à 50%.
Scrutin incertain
«Nous allons voter sans savoir qui va gagner», s'est réjouie Noha Hamdi, 27 ans. «Je n'avais jamais voté avant parce que le gagnant était toujours connu d'avance. Cette fois je sens que mon vote (...) fera une différence», a-t-elle ajouté.
«Je veux participer au choix du président et j'espère que cela conduira à la stabilité et au changement», a renchéri Khaled Abdou, un ingénieur de 25 ans.
La presse saluait également jeudi ce scrutin «libre et historique». «Que les Egyptiens fassent la queue pour choisir un président de la République et que personne ne soit d'accord sur le nom du futur président, cela veut dire que quelque chose a changé», a estimé le quotidien indépendant «Al-Chourouq».
Islamistes contre libéraux
Douze candidats étaient en lice pour ce scrutin qui oppose des islamistes - le Frère musulman Mohamed Morsi et le dissident de la confrérie Abdel Moneim Aboul Fotouh - à des «libéraux» incarnant une forme de continuité avec l'ancien régime de Hosni Moubarak, l'ex- ministre Amr Moussa et l'ancien général Ahmed Chafiq.
Les résultats du premier tour devraient être connus samedi mais aucune annonce officielle ne devrait intervenir avant mardi. Il est peu probable qu'un des candidats obtienne la majorité absolue et un second tour sera probablement nécessaire les 16 et 17 juin.
Mohamed Morsi faisait la course en tête mercredi, selon les Frères musulmans et l'équipe de campagne d'Amr Moussa, qui place l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe en deuxième position. Mais on ne sait pas très bien sur quoi se basent ces estimations.
Incidents mineurs
Le scrutin se déroulait dans le calme. Le ministre de l'Intérieur Mohammed Ibrahim a indiqué n'avoir relevé que des «contraventions mineures» qui n'ont pas perturbé le déroulement du vote. Farouk Soltane a lui aussi déclaré que le deuxième jour de vote s'était en général déroulé de manière «calme et organisée».
Des échauffourées ont toutefois opposé jeudi des partisans de MM. Chafiq et Morsi dans un village au nord du Caire, faisant cinq blessés, selon des sources policières.
Mercredi, M. Chafiq, dernier Premier ministre de M. Moubarak, avait été agressé par des manifestants qui lui ont jeté des pierres et des chaussures alors qu'il sortait d'un bureau de vote du Caire. «Le lâche est ici! Le criminel est ici!», ont crié les manifestants dont certains tenaient des photographies de proches tués lors de la révolution. Ahmed Chafiq n'a pas été blessé, selon des témoins.
Fin de la transition
L'élection, saluée par les Etats-Unis comme «une étape très importante», doit mettre fin à une période de transition tumultueuse et émaillée de violences meurtrières.
L'issue du vote est cruciale pour l'orientation que prendra le pays le plus peuplé du monde arabe, partagé entre la tentation islamiste et celle d'une normalisation incarnée paradoxalement par des personnalités de l'ère Moubarak.
Le Conseil militaire au pouvoir s'est engagé à remettre le pouvoir à un nouveau président avant la fin juin. Mais les prérogatives du futur chef de l'Etat restent imprécis, la Constitution en vigueur sous M. Moubarak ayant été suspendue et la rédaction de la future loi fondamentale étant au point mort. (ats)