La finance islamique progresse avec la manne pétrolière
Le marché de la finance islamique se développe rapidement dans les monarchies pétrolières du Golfe.
La croissance phénoménale de la richesse de ces pays et une offre diversifiée de produits attirent désormais même les non-musulmans.
A l'échelle mondiale, le secteur de la finance islamique représente quelque 700 milliards USD, d'après un rapport publié en février par l'agence de notation financière Moody's. Son principe fondamental est l'interdiction de l'usure, associée de nos jours aux taux d'intérêts bancaires.
Les fonds islamiques n'ont pas non plus le droit d'investir dans des compagnies liées au tabac, à l'alcool, à la pornographie, au porc ou aux jeux de hasard, toutes choses considérées comme tabous par les musulmans pieux.
La valeur totale de ces fonds dans la région du Golfe est estimée à quelque 30 milliards USD (près de 30 milliards de francs), selon Khaled Al-Masri, spécialisé dans la gestion d'actifs au fonds Rasmala Investments de Dubaï.
«La richesse à la recherche d'investissements dans le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) connaît l'un des taux de croissance les plus élevés au monde», dit-il.
L'éthique sauve
Le CCG regroupe les six monarchies arabes du Golfe: Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar.
Sur 320 fonds d'actions islamiques, quelque 125 sont basés dans le CCG, indique à l'AFP Mark Smyth, directeur général de Failaka Advisors, une société d'études sur les fonds islamiques basée en Grande-Bretagne.
Les économies des six membres du CCG ont connu une croissance extraordinaire ces dernières années à la faveur des cours record du brut. Cela a eu pour résultat d'accroître les fortunes dans ces pays islamiques où beaucoup veulent faire un profit grâce à des investissements qui ne sont pas en contradiction avec leurs principes religieux.
La finance islamique fournit «une solution aux investisseurs et aux consommateurs qui veulent adhérer dans leurs décisions à des principes conformes à la charia», la loi islamique, confirme M. Masri.
Développement fulgurant
Il souligne aussi que les «Soukouk», ou obligations islamiques, sont devenus attrayants pour les gouvernements et les sociétés en tant que moyen d'emprunter des fonds, ce qui contribue au développement du secteur.
Une étude de la banque américaine d'investissement Morgan Stanley, citée en février par la presse locale, estimait la valeur totale des «Soukouk» émis dans le monde à plus de 90 milliards USD.
Pour sa part, le rapport de Moody's évaluait ce chiffre à 97,3 milliards USD fin 2007, prédisant que ce marché des obligations islamiques atteindrait les 200 milliards USD en 2010.
Selon ce rapport, la majorité des «Soukouk» émis proviennent de Malaisie, qui se présente comme l'un des principaux centres de la finance islamique, et de la région du Golfe, avec quelque 11 milliards USD levés par 30 émissions de «Soukouk» en 2007 dans les Emirats arabes unis et près de 6 milliards USD en Arabie saoudite, où il y a eu l'an dernier 15 émissions.
Banques islamiques
Outre les «Soukouk», le secteur bancaire islamique prospère dans le CCG grâce au lancement de banques islamiques ou l'ouverture de sections islamiques dans les banques traditionnelles.
«Il y a plus de 1,5 milliard de musulmans dans le monde, ce qui contribue à la demande croissante pour des institutions bancaires offrant des services conformes à la charia», explique M. Qemzi.
Ces services permettent aux consommateurs d'acheter une voiture ou une maison à travers différents mécanismes qui ne reposent pas sur la notion de taux d'intérêt.
Preuve de leur succès, ces produits islamiques, lancés pour aider les musulmans pieux à gérer leur richesse, sont maintenant de plus en plus utilisés par des non-musulmans, notamment aux Emirats. (ats)