«Elle s'est couchée sous un train de 130 tonnes!»

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France«Elle s'est couchée sous un train de 130 tonnes!»

Une adolescente de 15 ans s'est suicidée jeudi dernier, humiliée par des photos intimes que son ex-petit ami avait publiées sur internet. Sa mère et son oncle jurent de se battre.

Juliette n'a pas supporté de voir circuler des clichés où elle apparaissait dénudée.

Juliette n'a pas supporté de voir circuler des clichés où elle apparaissait dénudée.

photo: Kein Anbieter/Facebook

Juliette, 15 ans, a mis fin à ses jours en se jetant sous un train à Lisieux (Normandie), le 3 mars 2016. D'après les premiers éléments de l'enquête, menée auprès des proches de l'adolescente et dans son lycée, la jeune fille a été victime d'un harcèlement en ligne communément appelé «revenge porn». Des photos privées, dont certaines intimes, circulaient depuis plusieurs semaines sur le web, rapporte «Le Point». Juliette n'a pas supporté l'humiliation, et a tenté une première fois de se suicider, dans une petite gare. Ses amies ont alors réussi à la retenir. L'ado leur a promis de ne pas recommencer, leur ordonnant de garder le silence sur cet incident. Jeudi dernier, elle est cependant passée à l'acte.

Sa mère, infirmière de profession, avait pourtant mis Juliette en garde sur les dangers des réseaux sociaux. Elle vérifiait régulièrement ce que sa fille postait en ligne, et ne lui autorisait pas à publier des photos où elle apparaissait avec trop de maquillage. C'est une histoire d'amour vécue il y a deux ans qui est à la base du drame: «Alors collégienne, Juliette a eu (...) une relation sexuelle avec un élève. Ce dernier l'aurait ensuite menacée de la décrire comme une salope si elle ne lui envoyait pas un selfie d'elle-même dénudée. Elle s'est exécutée», raconte Véronique Lebas, la maman de la défunte. Le frère aîné de Juliette est alors intervenu pour épargner une humiliation à sa soeur. Mais récemment, les photos sont réapparues sur internet, puis ont circulé de smartphone en smartphone parmi les camarades de Juliette.

«Je vais me battre jusqu'à mon dernier souffle pour que ces enfants-là payent»

La famille n'a rien su de cela: «On a découvert l'existence de ces photos le jour du suicide. Juliette devait avoir honte, elle ne voulait pas qu'on la voie comme une mauvaise fille», confie sa maman. L'ex-copain de l'ado a avoué être à l'origine de la publication de ces images sur Facebook. Il risque des poursuites judiciaires. Véronique, elle, a porté plainte: «Avec ces photos, ils ont bousillé une famille. Je vais me battre jusqu'à mon dernier souffle pour que ces enfants-là payent», assure-t-elle à France Bleu. Alexandre Ray, oncle et parrain de la victime, a interpellé la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem: «Je vous supplie de vous saisir de cette affaire. Que cette mort ne reste pas impunie, mais serve d'exemple sur les ravages des réseaux sociaux et du harcèlement moral (...) Juliette était ma nièce et ma filleule, elle s'est couchée sous un train de 130 tonnes lancé à 90 km!»

Son appel, publié le 6 mars sur Facebook, a bouleversé de nombreux internautes, qui lui ont apporté leur soutien, explique BuzzFeed. La ministre n'a pas pu s'exprimer directement sur cette affaire, une enquête étant en cours. «Il n'y a rien de plus injuste, de plus terrible, que la perte d'un enfant», a-t-elle répondu à Alexandre Ray, via ParisNormandie.fr. «On était tellement fier d'elle, c'était une élève charmante, elle était gaie. Et à cause d'un sale gamin qui a un mauvais fond, ma fille s'est suicidée et je ne la reverrai jamais. Je ne la verrai pas se marier, je ne la verrai pas devenir professeure d'anglais», conclut sa maman. Les obsèques de Juliette se sont déroulées mardi dans un petit village près de Lisieux.

(joc)

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