Le forcené décrit comme «précis» et «pas paniqué»

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Fusillades à ParisLe forcené décrit comme «précis» et «pas paniqué»

Un homme a tiré des coups de feu lundi au siège de «Libération» avant de faire de même devant la Tour de la Société générale. Il s'agirait du même suspect qui a aussi pris brièvement un otage.

Une chasse à l'homme a été lancée lundi à Paris pour retrouver un individu armé, en fuite après avoir blessé grièvement un photographe du journal «Libération», et les grands médias ont été placés sous protection policière.

Le président François Hollande, en visite en Israël, a demandé au ministre de l'Intérieur Manuel Valls de «mobiliser tous les moyens» pour arrêter «celui qui a tenté de tuer et qui peut tuer encore».

Après s'être enfui de Libération, l'homme, qui n'a pas été identifié, est soupçonné d'avoir ouvert le feu devant une banque dans le quartier d'affaires de la Défense, à l'ouest de Paris, et d'avoir brièvement pris en otage un automobiliste entre les tours de la Défense et l'avenue des Champs-Elysées. Il serait également l'auteur d'une précédente agression armée vendredi au siège de la chaîne d'information en continu BFMTV qui n'avait pas fait de victime.

La piste du tireur isolé privilégiée

«La piste d'un auteur unique est privilégiée», a indiqué le procureur de Paris lors d'une conférence de presse en fin d'après-midi. Un appel à témoins a été lancé et une photo du suspect, prise par une caméra de surveillance, a été diffusée.

Agé de 35 à 45 ans et de type européen, l'homme «représente un véritable danger», a affirmé le ministre de l'Intérieur.

Mesures de sécurité renforcées

Les fusillades à «Libération» et à La Défense ont semé la confusion dans la capitale et mobilisé d'importants moyens policiers. Des voitures de police sillonnaient discrètement le quartier des Champs-Elysées, survolé par un hélicoptère. Des policiers ont également été déployés devant les locaux de plusieurs médias, qui ont renforcé leurs mesures de sécurité.

En milieu de matinée, le suspect, coiffé d'une casquette et armé d'un fusil à pompe, avait fait irruption au siège de Libération, faisant feu à deux reprises sur un assistant photographe. Touché au thorax et à l'abdomen, le jeune homme a été opéré mais son pronostic vital reste engagé.

«Du sang partout»

«Je suis arrivée et j'ai vu un homme au sol avec du sang partout qui se tenait le ventre», a raconté à l'AFP une collaboratrice de Libération, Anastasia Vécrin.

Le ministre Manuel Valls, qui s'est rendu à Libération, a évoqué une «scène de guerre» d'une «très grande violence», qui n'avait «rien à voir avec la démocratie». «C'est la première fois qu'un organe de presse est ainsi frappé», a souligné la ministre de la Culture Aurélie Filippetti.

«Une» de mardi

«Il a sorti un fusil et a tiré deux fois» titre mardi en gros caractères noirs «Libération» daté de mardi, qui consacre quatre pages à cet acte sans précédent.

«S'attaquer à un journal, c'est s'attaquer à un des rouages de la vie démocratique» mais «en dépit de cette attaque, Libé restera Libé», a déclaré le directeur de Libération Nicolas Demorand à l'AFP en dévoilant la Une du journal.

Coups de feu devant la Société générale

Un peu plus d'une heure après l'agression à «Libération», un homme a tiré trois coups de feu devant le siège de la banque Société générale au quartier de La Défense, sans faire de blessé.

Quelques instants plus tard, un automobiliste dit avoir été menacé et forcé à prendre dans sa voiture un homme armé, qu'il aurait déposé près des Champs-Elysées, selon une source policière.

L'inconnu, muni d'un fusil de calibre 12, le plus répandu en France, a été identifié sur les enregistrements vidéo comme l'auteur d'une précédente agression vendredi au siège de la chaîne d'information en continu BFMTV. Il avait alors proféré des menaces contre un rédacteur-en-chef de la chaîne se trouvant seul dans le hall, sans tirer.

«C'était quelqu'un de précis dans ses gestes»

«J'ai le souvenir surtout d'avoir échangé un regard avec lui, que j'ai interprété comme étant un regard avec beaucoup d'intensité et de détermination», a indiqué à l'AFP Philippe Antoine. «C'était quelqu'un de précis dans ses gestes, de pas paniqué du tout».

L'agression au siège de «Libération» a suscité de vives réactions dans la classe politique française, les socialistes au pouvoir disant leur «effroi» et leur «totale solidarité». L'opposition de droite s'est dite «indignée» et «choquée». (cga/afp)

(cga)

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