Agression dans les Rues Basses«C'était de la violence gratuite, pas une bagarre!»
Le témoignage d'une femme, présente au moment de l'agression des Rues Basses, mercredi à l'aube, permet de reconstituer le fil des événements.

La place des Trois-Perdrix, théâtre de ce déchaînement de violence. Le club le Petit Palace est situé juste un peu plus haut.
dra«Tout s'est déroulé en 15 minutes. Ils ont dû taper tellement fort pour qu'elles soient dans cet état! Les articles qui parlent de bagarre se trompent. Ça, c'était de la violence purement gratuite, des garçons contre des filles qui n'avaient rien fait. C'était hyper choquant.» Julie*, 27 ans, sortait du Petit Palace mercredi matin. Avec trois amis, ils ont assisté, place des Trois-Perdrix dans les Rues Basses, à une agression d'une rare violence. Plusieurs hommes s'en sont pris à des femmes, les battant à coups de pieds, de poings et de béquilles. On dénombre cinq blessées, dont une dans le coma. Julie est restée avec une victime jusqu'à ce que l'ambulance la prenne en charge.
Un coup pour rien
«Nous sortions tous du Petit Palace. Quatre ou cinq garçons super jeunes, du genre qui disent avoir 18 ou 19 ans alors qu'ils en ont 16, sont venus me dragouiller, mais rien de bien méchant. Plus tôt dans la soirée, dans la boîte, j'avais discuté avec une femme qui était là toute seule. Elle m'a dit avoir la trentaine et être maman. En sortant, vers 4h30 du matin, elle descendait les marches qui mènent place des Trois-Perdrix quand tout à coup les jeunes garçons, qui marchaient derrière elle, lui ont mis un coup. Comme ça, pour rien.» Les affaires de la victime s'éparpillent par terre. Julie a le temps d'apercevoir un groupe de filles, en contrebas sur la place, se joindre à la trentenaire qui vient de recevoir un coup pour riposter contre les agresseurs.
Deux filles inconscientes
Julie ramasse les affaires de la première victime pour éviter qu'elles ne soient volées. Elle manque alors un bout de la «scène». «Quand je suis descendue sur la place, la trentenaire baignait dans son sang. Plus loin, deux filles étaient inconscientes, entourées de trois ou quatre autres, paniquées.» A ce moment, les agresseurs sont encore là. L'un d'eux a le pied dans le plâtre et des béquilles, dont lui et ses comparses se sont servis. «Je me suis retrouvée à hurler sur un des jeunes. Il avait une béquille à la main et le regard haineux, je me suis dit que j'allais me prendre un coup.»
Victime «complètement choquée»
Les assaillants finissent par quitter les lieux, mais ne vont pas très loin, dans un premier temps. Julie, qui reste avec la trentenaire venue toute seule, appelle la police. La victime a la tête en sang. Selon Julie, quand la première patrouille arrive sur place, les agresseurs sont «juste un peu plus haut dans la rue avec leur voiture», direction Rive. Arrivée peu après, une seconde patrouille est partie à leur recherche, sans succès. Une procédure pénale est en cours, sous la responsabilité du procureur Frédéric Scheidegger.
Julie a été secouée par la scène. «Je suis restée avec cette femme parce qu'elle était complètement choquée, elle ne savait pas ce qui lui arrivait. Je me suis dit que voir un visage vaguement connu pourrait la rassurer.» La secouriste improvisée a pu rentrer chez elle vers 6h. Elle pense aller au rassemblement prévu jeudi soir.
*prénom d'emprunt
"La tête de l'emploi"
Une autre cliente de la boîte de nuit raconte y avoir rencontré un groupe de jeunes garçons. L'un d'entre eux était en béquilles. Pour elle, ce sont les agresseurs. "C'est sûr à 100%, ça ne peut être personne d'autre, il n'y avait qu'un gars en béquilles dans la soirée. Sans vouloir être méchante, leur groupe avait la tête de l'emploi. C'étaient de jeunes abrutis vêtus de contrefaçons qui abordaient toutes les filles." Bref, des petits caïds. La jeune femme n'a pas vu l'agression. Son témoignage semble cependant indiquer qu'agresseurs et victimes ont passé leur soirée dans le même lieu.
La justice cherche des témoins
Le Ministère public a lancé un appel à témoins ce jeudi après-midi. Il précise que les cinq victimes, des femmes, sont nées entre 1985 et 1996. Toutes ont été transportées à l'hôpital. Deux d'entre elles, qui ont reçu de violents coups à la tête, sont toujours dans un état grave, précise le Parquet. Il prie d'éventuels témoins de contacter la brigade criminelle au 022.427.72.40. Elle recherche en particulier des photos et des vidéos de la scène.