Genève«Nous sommes tous des animaux»
Une marche dénonçant les discriminations faites aux bêtes a eu lieu samedi à Genève. WWF et chercheur mettent en doute le discours des militants.

La marche a été ponctuée de happenings rendant hommage aux animaux tués par les humains.
L'égalité entre toutes les espèces: c'est la raison qui a poussé plus de 500 personnes à défiler dans les rues de Genève samedi après-midi, à l'occasion de la Journée mondiale pour la fin du spécisme (encadré). Partis de la place de la Navigation, la manifestation a rejoint la plaine de Plainpalais. «Nous voulons que les intérêts de tous les êtres sensibles soient reconnus», explique Yves Bonnardel, de l'association Pour l'égalité animale, organisatrice de la marche.
Cela passerait entre autres par l'abolition de la consommation de viande et de la notion de propriété sur les animaux. Fini donc chasse, pêche et, pour certains, animaux de compagnie. C'est l'ensemble de notre société qui serait bouleversé. «Nous ne devons plus utiliser les animaux. L'idée d'un compagnonnage libre avec eux remettrait notamment en question l'organisation de nos villes», poursuit le militant.
«Si on suivait les théories anti-spécistes à la lettre et de manière radicale, non seulement il ne faudrait plus manger de viande mais il faudrait aussi interdire au cormorans de se nourrir de poisson.», estime Denis Müller. D'après ce professeur d'éthique de l'Université de Genève, «l'être humain est un être de culture, et sa culture alimentaire fait partie intégrante de lui. Il n'y a rien de non éthique dans le fait de se nourrir, y compris avec de la viande.»
Du côté du WWF, on milite pour une diminution de la consommation de viande. L'organisation, qui recommande de ne pas en manger plus de trois fois par semaine, préfère la pédagogie. «Nous informons les gens et les laissons faire leurs choix, indique sa porte-parole pour la Suisse romande Pierrette Rey. Nous ne voulons pas imposer les choses et risquer de braquer certaines personnes.»
La vidéo de la manif
Créé il y a 40 ans
Le terme «spécisme» est né dans les années 1970. Construit sur la même base que le sexisme ou le racisme, il part du postulat que l'homme discrimine les animaux uniquement parce qu'ils appartiennent à une espèce différente. «Ils peuvent pourtant avoir plus de conscience qu'un humain, handicapé par exemple», illustre Yves Bonnardel. Pour les antispécistes, il faut mettre sur un pied d'égalité tous les êtres sensibles. Mais les limites sont encore floues. Un débat existe notamment quant au statut à donner aux insectes.