Lyon (F)La France juge le braquage qui a traumatisé Genève
Cinq accusés comparaissent pour l'attaque à l'explosif et à la kalachnikov du change Migros de Chêne-Bourg, en 2010.

Les malfrats avaient tiré dans une rue remplie de passants.
photo: drLa cour d'assises de Lyon se penche depuis ce jeudi sur un des plus violents braquages qu'ait connu le canton de Genève. Cinq hommes sont jugés pour «vol avec armes en bande organisée et association de malfaiteurs», la qualification française du brigandage. Ils sont suspectés de l'attaque du bureau de change Migros, perpétrée le 26 novembre 2010 dans des conditions pour le moins agitées. Le sixième accusé, lui, a été tué en avril dans un règlement de comptes à Villeurbanne, en banlieue lyonnaise.
Arrivée à bord de deux Audi S6 et A3 volées, l'équipe de malfaiteurs avait fait sauter une charge explosive contre la vitre de l'agence. Un braqueur était entré en brandissant un hachoir pendant que ses complices, à l'extérieur, tiraient en pleine rue, à l'heure de pointe, des coups de kalachnikovs à la vue de gendarmes. Le braquage tournait au fiasco. Un complice était abandonné sur place, blessé par balles aux bras. Il perdait dans l'aventure le sac contenant le butin de 814 000 francs. Les autres prenaient la fuite jusqu'à la frontière où ils traversaient une rivière pour passer en France.
Les gens de la Migros très protégés
A l'ouverture du procès, dans l'ancien palais de justice de Lyon, les représentants de la Migros sont venus avec des agents de sécurité munis d'oreillettes. Comme s'ils craignaient pour leur intégrité. Ce qui en dit long sur le traumatisme que ce braquage a laissé dans les mémoires. Comme si cette affaire symbolisait à elle seule les incursions de la délinquance lyonnaise en territoire suisse.
Dans le box, les cinq accusés, âgés de 30 à 49 ans, affichent effectivement des profils typiques de délinquants de banlieues lyonnaises, marqués d'affaires de vols et de stupéfiants. Mais ils jouent profil bas, contestant formellement leur participation. La principale accusation repose sur leurs empreintes génétiques, relevées dans les deux voitures. Seul celui arrêté sur place est bien obligé de reconnaître les faits.
Il ne balance pas ses complices
«J'ai fait quelque chose de très très grave, j'ai fait du mal tout autour de moi, j'assume» a déclaré Mohamed D., 30 ans. Dans sa fuite dans une Mini volée avec violence à une automobiliste, l'homme a été blessé par balles aux deux bras, avant d'être interpellé et de passer deux ans en détention à Genève, jusqu'à son extradition. Pour lui, le fait d'avoir «frôlé la mort» l'incite à tourner le dos au banditisme: «Je ne peux plus me permettre d'avoir une vie comme ça, d'ailleurs c'est pas une vie.» Il assume seul, sans dénoncer ses complices: «Les histoires dans la rue ça ne se règle pas au tribunal de commerce.»
L'ADN, «pas une preuve absolue»
Les autres prévenus disent qu'ils ont emprunté les véhicules dans leur quartier, avant l'affaire de Genève, pour expliquer la présence de leur ADN. Avec la circonstance aggravante de la récidive légale, ils risquent la réclusion à perpétuité. Leurs avocats espèrent obtenir un acquittement.
«L'accusation tient uniquement sur des traces d'ADN. La génétique ne dit pas à quel moment les individus étaient présents dans les voitures, ce n'est pas une preuve absolue» avance Me Samir Driss, avocat de la défense. «Les juges ont estimé qu'il y avait peu de hasard pour que l'ADN de ces accusés qui se connaissaient se trouvent précisément dans ces voitures» estime au contraire Hervé Guyenard, pénaliste lyonnais, constitué partie civile pour la Migros. Le procès doit durer dix jours.