Genève - Lisbonne sans fric«Vous voulez quoi? Que je vous héberge? D'accord!»
Au premier jour de leur périple, les deux auto-stoppeurs sans argent ont pris neuf véhicules et ont passé la nuit dans une péniche à Lyon (F).
Découvrez le reportage vidéo du premier jour du périple de Flo et Dino.
Jeudi, 10h. Le brouillard est épais au Rondeau de Carouge (GE). Emmitouflés dans leurs vêtements chauds, sacs sur le dos, Florian et Dino lèvent le pouce... en vain. Ils se déplacent un peu, se séparent… C'est le début d'un périple de deux semaines, durant lequel les deux universitaires veulent rejoindre Lisbonne sans un centime en poche.
Une demi heure a passé. Macy s'arrête et accepte de les prendre jusqu'à Ferney-Voltaire (F). Trop enthousiastes pour se rendre compte que ce n'est pas la bonne direction, les étudiants sautent dans la Porsche Cayenne. «Vous allez réussir votre pari, il suffit d'y croire et de demander aux gens!», assure Macy, qui s'étonne néanmoins de l'idée de voyager sans téléphone.
Un peu plus tard, les deux jeunes sont à nouveau sur le bord de la route. Ils n'attendent pas longtemps pour qu'un couple de Sud-africains voyageurs les embarquent et les déposent sur une artère plus fréquentée. Deux voitures plus loin, les voici à Val Thoiry, à côté de la frontière genevoise. Kilomètres parcourus en direction de Lisbonne: zéro. Mais les gens s'arrêtent, les rencontres se font, l'aventure se vit pleinement, et pour les deux baroudeurs c'est ce qui compte. Ils cassent la croûte avec des mikados et du pain offerts par des gens rencontrés en route.
«Vous avez vraiment un grain!»
Un étudiant à l'EPFL les transporte ensuite quelques minutes, puis ils grimpent dans la camionnette brinquebalante et recouverte d'autocollants de Sala, un atypique qui a un peu tout fait dans sa vie: «Vous avez vraiment un grain, lance-t-il à Dino et Flo dans la discussion. Tant mieux, car les gens normaux ne sont pas intéressants!»
C'est ensuite Antoine, un fan de festivals, qui les emmène jusqu'au centre de Bourg-en-Bresse. Après un moment de répit dans un bar où les tenanciers les laissent remplir leur gourde, le rouquin (Flo) et le brun (Dino) se remettent en route. Ils visent Lyon, mais impossible de savoir par où aller car les gens leur indiquent tous une direction différente. Finalement, Saber le peintre en bâtiment les conduit sur la bonne route, puis Justine l'ostéopathe prend le relais jusqu'à la ville des frères Lumière. Après quinze mètres marchés sur le quai du Rhône, Dino lance que «ce serait le rêve de dormir dans une péniche. Allons voir!»
La péniche, la pizza et la basilique
Aussitôt dit aussitôt fait, le brun et le roux frappent à la porte du premier bateau. «Nous avons une demande à vous faire, nous voyageons sans argent…», commencent-ils à expliquer à la dame aux boucles grises qui leur ouvre. «Et vous voulez quoi? Que je vous héberge ce soir? Vous êtes combien?» Et elle les fait entrer.
La dame, c'est Geneviève. Elle leur montre leur chambre, sert le thé puis leur donne les clés en disant: «Je dois filer, servez-vous dans la cuisine, mon mari va bientôt rentrer, il sera peut-être surpris, vous lui expliquerez!» Et le mari en question, Paul, arrive justement. Après un moment d'échanges, il prend Dino et Flo dans sa mini et les dépose à l'entrée du Vieux-Lyon.
«Oh, une pizzeria», s'exclame Flo en s'y dirigeant d'un pas décidé. Les garçons entrent, expliquent leur situation, et Ali, seul derrière le comptoir, leur prépare gentiment deux pizzas végétariennes. Flo et Dino n'ont peur de rien: ils demandent, ils sourient, et ça marche presque à tous les coups. Le ventre et le coeur rassasiés par les pizzas et la chaleur d'Ali, ils partent se balader, grimpent jusqu'à la basilique de Fourvière, redescendent, font la connaissance de jeunes en train de tourner un court-métrage, puis rentrent passer la nuit sur la péniche.
Le lendemain matin, un petit-déjeuner les attend. Ils discuteront encore longuement avec Geneviève et Paul, resteront pour déjeuner, et ne quitteront Lyon que vers 15h, en espérant rallier Montpellier...