GenèveAccusée de racisme, la prof a été acquittée
Des élèves ont déposé plainte contre une enseignante qui a reconnu des «propos maladroits», mais insuffisants pour porter atteinte à la dignité humaine, selon la justice.

Au bout du compte, la justice a décidé de son acquittement, sans lui accorder de tort moral. Une professeure d'un collège genevois soupçonnée d'avoir tenu des propos racistes à l'endroit de deux élèves noirs a eu gain de cause devant le Tribunal de police, raconte la «Tribune de Genève».
En juin 2014, elle a sanctionné d'un 3 en allemand – une note éliminatoire – un élève de couleur alors que ce dernier parlait bien cette langue pour avoir vécu outre-Sarine. L'étudiant a réclamé des explications, injurié la prof et l'a brutalisée. Celle-ci a déposé une plainte, mais elle a été classée. Au contraire, la justice a lancé une procédure contre elle pour discrimination. La professeure a reconnu des «propos maladroits» à l'égard de son élève: «On les accueille dans notre pays et voilà ce qu'ils font», a-t-elle dit.
Pas de témoin direct
Le procureur a énuméré d'autres remarques qu'aurait faites l'enseignante: «C'est quoi ce machin?», aurait-elle demandé en lisant le nom de certains élèves d'origine étrangère. «Je ne sais pas pourquoi on vous accepte dans notre pays», aurait-elle lancé à d'autres.
Un enseignant appelé à la barre a fait part de sa stupeur face aux accusations lancées contre sa collègue. Selon lui, elle n'a jamais adopté une attitude dépréciative face à des étudiants: «C'est un modèle de savoir-être».
Aucun témoin direct n'ayant entendu de propos racistes sortir de la bouche de l'accusée, elle a donc été acquittée. La phrase qu'elle a reconnu avoir prononcée ne constitue pas une atteinte à la dignité humaine, a estimé la justice genevoise. Aujourd'hui dépressive et en arrêt de travail, la professeure réclamait un dédommagement pour tort moral, ce qu'a refusé la Cour.