Enfants placés de force: «Genève se doit de payer!»

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GenèveEnfants placés de force: «Genève se doit de payer!»

Certains députés exigent que le Canton alimente le fonds d'aide aux victimes. Accusé de mesquinerie, ce dernier reste dubitatif.

David Ramseyer
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David Ramseyer
Près de 25000 victimes sont toujours en vie.

Près de 25000 victimes sont toujours en vie.

Un devoir de mémoire, un geste fort: voilà ce que réclame au Conseil d'Etat la commission des finances du Grand Conseil, après un vote serré. A la prochaine séance plénière, à la mi-novembre, elle demandera au gouvernement de revenir sur son refus, le printemps dernier, de participer au Fonds national d'aide aux victimes de placement forcé. «Un non serait honteux», estime l'écologiste Emilie Flamand, auteur du rapport.

Durant des décennies et jusqu'en 1981, sur la base de critères dont certains sont aujourd'hui jugés indignes - mère adolescente ou célibataire, famille pauvre ou trop nombreuse - les autorités ont arraché des dizaines de milliers d'enfants à leur foyer pour les placer dans d'autres familles, où les mauvais traitements ont été nombreux. Le 6 mai 2013, quelques jours après la Confédération, Genève a présenté ses excuses publiques aux victimes.

«Une hypocrisie»

En terme de réparations, par contre, c'est une autre histoire. Si le fonds d'aide est alimenté par une grand majorité des cantons (voir encadré), Genève refuse d'y allouer 288'000 fr. «Un calcul d'épicier face à ces drames? L'Etat a failli, il doit payer», s'émeut Sophie Forster Carbonnier, députée des Verts et à l'origine de la résolution. Des élus de droite comme de gauche appuient la position de leur collègue.

«Il y a une certaine hypocrisie à effectuer un simple versement pour solde de tout compte, répond le Conseiller d'Etat Mauro Poggia, en charge du dossier. Genève veut mieux faire!» Le ministre des affaires sociales et de la santé souligne qu'avant l'été, une structure d'aide pour les victimes effectuant des recherches sur leur passé a été créée dans le canton. Elle propose notamment un encadrement et un accompagnement lors de visites aux archives d'Etat.

Enfin, le magistrat MCG, qui s'estime insuffisamment informé du détail concernant les victimes genevoises, n'entend pas payer pour d'autres cantons: «Il vaudrait mieux agir au cas par cas». A l'heure actuelle, le Fond d'aide a reçu 549 requêtes, dont une quinzaine concerne Genève. Et puis une loi fédérale est actuellement à l'étude pour fixer un cadre à d'éventuelles réparations.

Premiers versements

Le Fonds d'aide immédiate aux victimes sera doté au final de 7 à 8 millions. Les bénéficiaires? Des personnes en situation précaire; en priorité des seniors. Le premier versement a été effectué en août dernier à un Uranais de 103 ans. L'indemnité varie de 4000 à 12000 fr, selon les cas.

Ce fonds est alimenté par des communes, les églises, des associations, des privés (notamment l'industrie pharmaceutique) et tous les cantons, sauf Genève et Schwytz. Vaud n'en fait pas partie formellement mais a créé sa propre structure d'aide financière.

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