Genève«Cette année, on a fait beaucoup de Suisses»
Plus de 6000 étrangers ont été naturalisés en 2016 au bout du lac. Il reste moins d'un an avant que le dispositif se durcisse.

Dès 2018, seuls les détenteurs d'un permis C pourront déposer une demande de naturalisation.
Keystone/Anthony AnexEn 2016, comme en 2015 d'ailleurs, Genève a naturalisé à tour de bras: 6235 personnes ont obtenu le passeport à croix blanche. Conséquence directe: la proportion d'étrangers dans le canton du bout du lac se fixe à 40,5%. «C'est l'une des premières fois que l'on passe sous les 41%, car on a fait beaucoup de Suisses», s'est félicité ce lundi le conseiller d'Etat PLR Pierre Maudet.
Genève est le canton suisse qui a le plus naturalisé en 2016, a expliqué l'élu. La procédure a été réformée, afin notamment qu'elle soit plus courte : de trente-cinq mois environ en 2014 à dix-huit mois aujourd'hui. Il a défendu sa «politique assumée» de promotion de la naturalisation auprès des détenteurs de permis B et des fonctionnaires internationaux. C'est que dès le 1er janvier 2018, seuls les détenteurs de permis C pourront devenir suisses. «On a aujourd'hui, à Genève, 90'000 personnes éligibles à la naturalisation.» Dans dix mois, il n'en restera que 60'000 environ.
Pierre Maudet a expliqué vouloir favoriser la naturalisation «car il s'agit de l'un des éléments de l'intégration. L'adhésion aux valeurs de la société suisse, genevoise, constitue un pas majeur dans le processus d'intégration.» Le conseiller d'Etat juge aussi que le scrutin national de février 2014 sur l'immigration de masse a eu pour effet d'augmenter le nombre de demandes, «ce qui n'est pas pour me déplaire».
Aujourd'hui et jusqu'à la fin de l'année, la naturalisation est ouverte aux permis C, B, F et aux fonctionnaires internationaux présents en Suisse depuis 12 ans. Un test oral de français est pratiqué. Le niveau A2 y est requis. Dès 2018, le passeport sera accessible aux permis C seulement. Le temps de présence requis reculera à 10 ans. En revanche, des capacités accrues de français seront exigées: le niveau B1, qui sera testé par écrit.
Genève attire moins de migrants
En 2016, Genève a connu moins de mouvements migratoires : moins d'entrées, et moins de sorties également. Le solde migratoire, soit la différence entre les entrées et les sorties du territoire, est relativement faible. Il plafonne à plus 1400 personnes en 2016, alors qu'il était de plus 6300 personnes l'année précédente. Cette baisse de l'engouement des étrangers pour Genève s'explique d'abord, selon Pierre Maudet, par un ralentissement économique. Il évoque également un effet de panique à la suite de la votation du 9 février 2014 contre l'immigration de masse, qui se tasserait aujourd'hui, au vu de la mollesse de son application.
Pierre Maudet "serre la vis" sur les renvois
Environ 600 en 2014, ils étaient 987 en 2016 à se faire renvoyer de Genève. Le ministre dit avoir «méchamment serré la vis depuis 2014». Selon lui, c'est cette fermeté d'application qui, en envoyant un signal fort à la Confédération, a permis des assouplissements sur d'autres volets, en particulier celui de la régularisation des clandestins. Des ressources supplémentaires ont été affectées à cette tâche, notamment afin de créer un pôle juridique sur le renvoi au sein de l'Office de la Population.