GenèveCondamné pour avoir filé le sida à son ex-compagne
Un quinqua séropositif n'avait pas dit à sa copine qu'il était malade. Jugé mercredi à Genève, il a écopé de 2 ans de prison avec sursis.

Quelque 25000 personnes sont porteuses du virus du sida en Suisse.
photo: AFP«J'ai l'impression de revenir dans les années 1980. Comment peut-on encore se demander si le sida se transmet par des rapports non-protégés?» Pour le procureur, il était impossible que l'accusé séropositif ignore qu'il allait contaminer sa compagne. Un Turc de 50 ans était jugé hier par le Tribunal correctionnel de Genève. Se sachant malade, il avait pourtant eu des rapports sexuels avec sa copine pendant six mois, en 2013 et 2014.
«Je me suis toujours retiré avant l'éjaculation. Je pensais que cela suffirait», a justifié l'homme. Parlant mal le français, venant d'une région reculée, il a plaidé l'ignorance: «On m'a dit que je pouvais avoir 1000 rapports et contaminer ma partenaire au 1001e. Pour moi, c'était totalement impossible que cela arrive.»
De peur qu'elle ne le quitte, l'accusé a préféré ne pas dire à sa compagne qu'il était malade. C'est lorsqu'une des ex du quinquagénaire l'a avertie qu'elle a effectué un dépistage. Il s'est avéré positif. Depuis, la vie de la quadragénaire est profondément bouleversée. «C'est difficile pour moi d'accepter les médicaments et de faire de nouveau confiance à un homme, a-t-elle témoigné, en pleurs. Quand on aime quelqu'un on le protège.»
La victime recevra 40 000 fr. de tort moral, ont tranché les juges. Ces derniers ont aussi condamné l'accusé à 2 ans de prison avec sursis pour lésions corporelles graves, en raison notamment du traumatisme subi par son ex. «Certes il vient d'une région où l'on aborde moins le sujet des relations sexuelles mais il est en Suisse depuis 2001, a estimé la présidente. Il ne pouvait ignorer les risques. Il s'en est accommodé.»
Virus mieux soigné
Depuis 2013, le Tribunal fédéral ne considère plus automatiquement la transmission du sida comme étant une lésion corporelle grave. Compte tenu des traitements existants, l'instance estime que la maladie ne constitue plus un danger mortel. «Quelqu'un qui est infecté aujourd'hui doit faire face à une maladie chronique et a plus ou moins la même espérance de vie qu'une personne saine», indique le Groupe Sida Genève. L'association rappelle que parmi les 500 nouveaux malades diagnostiqués en Suisse chaque année, près de 40% sont hétérosexuels. «Cela reste une épidémie qui peut toucher tout le monde.»