GenèveE-mail piraté: la BCGe punie pour faute grave
La Banque Cantonale de Genève a viré des sommes à l'étranger sur la base d'un faux courrier électronique. La justice l'a condamnée, lui reprochant son manque de contrôle.

Un Américain a eu la désagréable surprise de voir ses deux comptes à la Banque Cantonale de Genève débités de plus de 600'000 fr. alors qu'il n'avait jamais donné d'ordres en ce sens. Il a été la victime d'un arnaqueur, qui a piraté son mail. La BCGe a été récemment condamnée à lui rembourser ses frais bancaires, d'avocats et de procédure ainsi que l'argent viré à Hongkong et Singapour, raconte la «Tribune de Genève».
En juin 2012, la banque reçoit le mail d'un client américain de longue date lui ordonnant d'effectuer un important transfert de fonds vers l'Asie du Sud-Est. Elle demande un document en retour. Mais sur celui qui lui parvient, le numéro postal du New Jersey, où habite le détenteur des comptes, est erroné, son nom est mal orthographié et sa signature ne correspond pas. Le mail est évidemment un faux. La gérante dit s'être méfiée. Mais la BCGe effectue tout de même les virements.
Le client lésé a mandaté des avocats en Asie pour récupérer son argent. Le mois dernier à Genève, à la suite de sa plainte contre l'établissement, le Tribunal de première instance a estimé que la banque n'avait pas procédé aux vérifications élémentaires qui s'imposaient. Elle doit donc rembourser et dédommager ce citoyen américain.
La BCGe fera appel. Elle estime notamment que son client s'est montré imprudent en laissant sa correspondance bancaire sur sa boîte e-mail: «Celui qui l'a piratée a dû se régaler, note l'avocat de l'établissement. Toutes les indications nécessaires pour qu'il puisse se faire passer pour le client lui-même étaient fournies.»