L'aéroport fustige une grève «disproportionnée»

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GenèveL'aéroport fustige une grève «disproportionnée»

La grève, si elle a lieu, pourrait provoquer des perturbations dans les aéroports helvétiques et dans le ciel européen.

Maria Pineiro
par
Maria Pineiro
Les contrôleurs aériens suisse membres de Skycontrol entreront en grève le 23 juillet si la direction de Skyguide refuse la négociation.

Les contrôleurs aériens suisse membres de Skycontrol entreront en grève le 23 juillet si la direction de Skyguide refuse la négociation.

Keystone/Christian Beutler

Le préavis de grève annoncé «par un syndicat représentant une minorité du personnel de Skyguide» est jugé «comme totalement disproportionné »par Genève Aéroport. Dans un communiqué, Cointrin déplore mardi l'annonce d'un arrêt de travail pour le 23 juillet et regrette la rupture des négociations entre partenaires sociaux.

Les dirigeants de Skyguide ont relevé le fait que 61% des employés syndiqués ont accepté la nouvelle Convention collective. Seul Skycontrol l'a refusée. Le directeur de l'entreprise, Alex Bristol, a estimé qu'une grève serait «injustifiée et irresponsable. Les actions individuelles de quelques militants nuiraient aux intérêts de la population et de l'économie.» Il a également relevé qu'un arrêt de travail, s'il devait avoir lieu ne réunirait pas la majorité des contrôleurs de Skyguide. enfin, Alex Brisol a affirmé que la nouvelle CCT renforce «les très bonnes conditions d'emploi des contrôleurs aériens».

Grève allant crescendo

«On adore notre métier, nous sommes des passionnés», affirme Maximilien Turrettini, président de Skycontrol, syndicat des contrôleurs aériens de Skyguide. Pourtant, mardi matin, les aiguilleurs du ciel ont déposé un préavis de grève reconductible dès le 23 juillet. Ils prévoient un arrêt de travail entre 6h et 10h le premier jour, le lendemain 4 heures supplémentaires sont prévues entre 20h30 et minuit et demi.

Enfin, si les revendications des employés ne sont pas entendues, les contrôleurs aériens entameront une grève totale dès le mercredi 25 juillet. Des perturbations sont à prévoir à Genève, Sion, Berne, Lugano, Granges et Emmen. Celui de Zurich n'est pas concerné par ce mouvement, les contrôleurs aériens y ont accepté la proposition de la direction de Skyguide.

Minimiser l'impact sur les vacanciers

«Nous avons choisi de commencer notre mouvement un lundi afin de réduire l'impact sur les départs en vacances du week-end et de laisser à notre employeur la possibilité d'ouvrir des discussions», poursuit Maximilien Turrettini. Le choix de la date correspond à la fin de la procédure demandée par les employés auprès de la Chambre des relations collectives de travail (CRCT).

Les aiguilleurs demandent 125 jours annuels de repos par année, contre 119 ou 122 à l'heure actuelle, ainsi que 1,8% d'augmentation annuelle depuis 2017 pendant 3 ans. «Entre 2016 et 2017, le nombre de vols a crû de 7% à Genève, nos conditions de travail se sont détériorées, car les effectifs n'ont pas suivi», estime-t-il.

Deux ans de vaines discussions

Le syndicat indique négocier avec l'entreprise sans succès depuis deux ans, soit depuis l'échéance de la dernière convention collective de travail (CCT) fin 2016. «La direction est arrivée avec une enveloppe financière fixe. Tant le montant, près de cinq fois moins que ce que nous demandions, que la méthode, un montant non négociable, nous ont choqués», explique le président.

La proposition de convention collective faite par les dirigeants de Skyguide a été refusée par 77,2% des membres du syndicat lundi. Elle est qualifiée de «pseudo-CCT» par Skycontrol. Maximilien Turrettini dénonce l'obsession des coûts dans une société qui se porte bien financièrement. «Les compagnies aériennes mettent une pression énorme afin de maintenir des billets à 30 fr.», analyse-t-il.

Les contrôleurs aériens espèrent que ce préavis, «un signal clair», permettra d'entamer des discussions avec la direction afin d'éviter la grève.

Les passagers ont des droits

Face à la menace de grève, Genève Aéroport conseille aux passagers de se renseigner auprès des compagnies aériennes. Pour ce qui est des remboursements et autres prises en charge des voyageurs dont les vols sont annulés ou retardés, la Fédération romande des consommateurs explique que les transporteurs, même s'ils ne sont pas responsables des perturbations, ont des obligations envers leurs clients. Ainsi, détaille Valérie Muster, les passagers doivent être assistés par la compagnie. Ils ont droit à des boissons, des repas, voire l'hébergement si nécessaire. Les prestataires doivent également rembourser les vols annulés ou acheminer leurs clients à destination. Ces derniers, par contre, ne peuvent prétendre à des indemnisations, ni aux paiement des frais engagés pour leurs vacances, comme le prix de l'hôtel ou de la location de véhicules. Ceux-ci peuvent être pris en charge par des assurances spéciales. Enfin, les agences de voyage offrant des séjours doivent se charger des formalités.

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