Ils défilent pour afficher leur haine de l'UDC

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GenèveIls défilent pour afficher leur haine de l'UDC

Quelque 450 manifestants ont sillonné les rues vendredi soir pour protester contre l'acceptation par le peuple de l'initiative «Contre l'immigration de masse».

Jérôme Faas
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Jérôme Faas

Voilà six jours que le peuple Suisse a accepté l'initiative « contre l'immigration de masse » de l'UDC, et ils battent le pavé. Depuis mardi, des affiches fleurissaient sur les murs de la ville. «Les urnes vomissent du racisme, contre l'UDC, ses alliés et leur cortège de lois qui puent, prenons la rue !», disaient-elles. Vendredi soir, à 22 heures, ils sont 450 à s'être réunis devant l'Usine, temple de la culture alternative genevoise.

Antifas, punks et étudiants ordinaires

Ils ont une vingtaine d'années, dans leur écrasante majorité. Une poignée d'«antifas» sont là, le visage masqué. Quelques punks les accompagnent. Il y a les jeunesses de SolidaritéS. Une petite fanfare bon enfant. Et beaucoup de jeunes dont le seul signe distinctif est leur évidente aversion du complet-cravate. De petits discours anticapitalistes sont prononcés. «L'étranger n'est pas le responsable mais la victime de la sous-enchère salariale.» La sono crache du ska espagnol.

Slogans récurrents

Le cortège s'ébranle. Il est 22h30. Aucune autorisation n'a été déposée pour manifester, mais la police, fort discrète, tolère le défilé. Quelques torches sont allumées, les jeunes gens masqués ouvrent la marche, les slogans les plus repris sont convenus : «Justice nulle part, police partout», «Flics, Etat, assassins», «A mort les fascistes». Durant l'été 2012, les mêmes étaient scandés après qu'un chanteur punk ait été poignardé par un skin.

L'indignation d'une jeune femme

Il est aussi question du scrutin contesté. «C'est ça, la riposte à Genève, Suisses, étrangers, on est là dans la rue !» La troupe se dirige vers la gare. Une jeune femme est encore abasourdie par le résultat du vote. Elle est catastrophée par le taux d'abstention (44,2%), pourtant fort bas selon les standards helvétiques. Elle s'indigne que Genève se fasse imposer un texte dont le canton n'a pas voulu. Elle parle d'une copine, dont la mère est immigrée, qui a voté oui. Elle est révoltée.

«Ce sont des clochards»

Le cortège passe devant le McDonald de la rue de Lausanne. Les vitrines sont sprayées de signes anarchistes. Les manifestants pénètrent dans les Pâquis. Des touristes asiatiques attablés dans un restaurant les observent médusés. Clients et employés des kebabs de la place sortent sur le trottoir, prennent des photographies. Ils ne montrent ni enthousiasme, ni hostilité. Tout au plus entend-on une remarque d'une jeune femme d'origine africaine. «Ce sont des clochards», glisse-t-elle à son copain. Des torches sont à nouveau allumées. Le spectacle intrigue les passants.

«Vous pourrez bientôt voter»

Retour à l'Usine. En chemin, un jeune punk aborde un couple d'origine étrangère. «Si on se bat, vous pourrez bientôt voter», promet-il. Il est minuit. Les rues alentours sont calmes. Des couples endimanchés se baladent roses à la main en cette nuit de Saint-Valentin. Des quadragénaires dansent au son d'Indochine dans un café adjacent. Des jeunes femmes en talons boivent une coupe de champagne dans un bar lounge. Plusieurs Genève vivent leur vies les unes à côté des autres, en bonne intelligence. Sur la place Neuve est parqué un fourgon de police, au cas où. Il ne servira à rien.

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