Julius Baer «n'a rien fait pour éviter le désastre»

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GenèveJulius Baer «n'a rien fait pour éviter le désastre»

Ambros Bauman, surnommé le petit Madoff suisse, avait détourné 72 millions de frs de 2000 à 2007. Sur les 600 victimes, 68 attaquent la banque devant le tribunal civil de Genève.

par
Marion Moussadek
Photo d'illustration.

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Keystone

«Nous reprochons à la banque Julius Baer de n'avoir procédé à aucune vérification, à aucune opération de clarification de l'arrière-plan économique et du but des différents détournements commis par cet escroc. Et de n'avoir absolument rien fait pour éviter le désastre de se produire», accuse Me Cristobal Orjales, l'un des avocats des 68 investisseurs ayant décidé de poursuivre la banque en justice, nous apprend la RTS. Un exemple de ce «désastre»? Un retraité neuchâtelois basé en Valais a perdu 500'000 francs issus de la vente de son appartement.

Ce cas est à multiplier par 600 puisque le gérant de fortune bâlois Andros Bauman, travaillant pour la banque Julius Baer en tant qu'externe, avait dilapidé les économies d'environ 600 épargnants et petits investisseurs entre 2000 et 2007. Cela lui avait valu le surnom de «petit Madoff suisse», parce que sa manigance était basée sur le système dit de Ponzi: il finançait le rendement de ses clients avec les avoirs des nouveaux venus, tout en ayant pris le soin de se mettre dans la poche les économies des premiers.

Escroc dès 2001, embauché en 2004

Mais c'est dans une autre affaire que le gérant de fortune est condamné à six mois de prison ferme pour escroquerie et abus de confiance dès 2001. Ce n'est pourtant que trois ans plus tard, en 2004, que Julius Baer lui fait confiance en lui offrant un contrat de collaborateur externe, a appris la télévision romande qui s'en faisait l'écho samedi au cours de son journal télévisé. Pire, le fait que l'homme soit visé par une enquête pour blanchiment en 2006 n'empêche pas les avoirs (que les clients confient pensant avoir la garantie de Julius Baer) de continuer à affluer sur deux comptes dont il est le seul ayant-droit.

Seuls 6,5 millions de francs ont été retrouvés sur les comptes d'Ambros Bauman après sa mort. Ses créanciers lui en réclament 129. Le gérant de fortune n'a jamais été inquiété de son vivant. Six mois après sa mort, le 30 juin 2008, l'infraction à la loi sur les banques a été néanmoins officiellement reconnue. Julius Baer n'a pas voulu exprimer son point de vue auprès de la RTS.

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