GenèveSans-papiers régularisés: «Le dispositif fonctionne»
L'Etat juge positif le bilan à mi-parcours de l'opération Papyrus. D'ici à fin 2018, plus de 2200 clandestins devraient être régularisés.
«Le climat actuel sur les questions de migrations est compliqué. Mais l'Etat doit agir pour réduire la vulnérabilité d'une population qui est là, qui existe», a martelé ce mardi le Conseiller d'Etat Pierre Maudet, chargé de l'économie.
Un an après le déclenchement d'une régularisation massive des sans-papiers au bout du lac, Canton, associations, syndicats et Confédération ont dressé un bilan à mi-parcours de l'opération Papyrus. Ils le jugent «tout à fait positif», le dispositif «fonctionne bien» et contribue à assainir les secteurs touchés par le travail au noir.
Au 31 janvier dernier, 1039 clandestins (y compris 590 personnes durant la phase test de Papyrus, avant février 2017) ont été régularisés. Originaires surtout d'Amérique latine et principalement employées dans l'économie domestique, «ces personnes ont un niveau d'intégration très important, note le magistrat PLR. Contrairement à ce que certains prédisaient, aucune d'elles, sauf une, n'émarge aujourd'hui à l'aide sociale.» Selon l'Etat, il n'y a pas eu pour l'instant d'appel d'air créé par la régularisation de ces travailleurs et leurs familles.
Genève tout seul
Champion romand du renvoi de criminels étrangers, le Canton recueille les louanges du Secrétariat d'Etat aux migrations. Selon son patron, Mario Gattiker, «l'approche nouvelle de Papyrus est une voie exploratoire intéressante». Pour l'heure aucun autre canton n'a choisi de l'emprunter, même si des discussions sont en cours à Bâle-Ville.
Alors que la Confédération estime à 13'000 le nombre de clandestins à Genève, Papyrus a fixé des critères précis pour normaliser leur situation: les familles avec enfants scolarisés doivent séjourner depuis au moins 5 ans au bout du lac, 10 ans pour les autres et les célibataires. Leur niveau de français est contrôlé, ils ne doivent pas avoir de passé pénal et être indépendants financièrement.
Entre 3000 et 5000 personnes sont en réalité éligibles pour Papyrus, estime le Centre de contact Suisse-Immigrés. Au terme de l'opération, à la fin de l'année, entre 2200 et 2500 clandestins pourraient avoir été régularisés.
Les patrons jouent le jeu
Tous les partenaires de l'opération Papyrus l'ont répété en choeur: la grande majorité des employeurs ont bien collaboré. "Ils ont joué le jeu de la régularisation", s'est réjouie Christina Stoll, directrice générale de l'Office cantonal de l'inspection du travail. Si une certaine tolérance est de mise depuis le début, c'est bientôt fini. Les employeurs devront se mettre en conformité d'ici le 30 juin prochain, sinon ils seront dénoncés au Ministère public. Les acteurs de Papyrus ont aussi souligné les résultats concrets obtenus auprès de patrons peu regardants, notamment des salaires impayés finalement recouvrés. En un an, l'Etat a aussi récupéré 2 millions de francs de charges sociales impayées.
"Il a fallu vaincre les peurs"
Chaque semaine, associations et syndicats déposent une quinzaine de dossiers de régularisation. "Nous sommes en flux continu", remarque Marianne Halle, du Centre de contact Suisse-Immigrés. Les premiers mois ont beaucoup été consacrés à informer et faire le tri des potentiels candidats. "Il a aussi fallu vaincre leur peur. C'est difficile de se déclarer quand on est resté des années dans la clandestinité." Par ailleurs, l'Etat a lancé ce mardi "Ménage-Emploi", une plateforme numérique qui vise à mettre en contact employeurs et travailleurs potentiels.