GenèveManger les restes du resto à bas prix grâce à une app
Pour éviter le gaspillage, des établissements genevois proposent leurs invendus à demi-tarif.

Au lieu d'être jeté, le sandwich est vendu à moitié prix.
photo: dra«C'est bien que la nourriture ne soit pas jetée», lance Marie, étudiante de 25 ans. Elle vient de se payer un sandwich à 4fr.95 au lieu de 11fr.50, grâce à Too good to go. Cette application gratuite connecte les utilisateurs avec les restaurants les plus proches qui ont des restes et permet de les acheter moitié prix. Elle a été lancée ce mois à Genève. «Il n'y a pas forcément de choix et on peut tomber sur quelque chose qu'on n'aime pas, c'est le jeu, précise Flore Martinson, manager pour la Suisse romande. Les restaurants estiment le nombre d'invendus et proposent des créneaux horaires pour venir les chercher, généralement en fin de service.»
Le concept est né au Danemark début 2016 et s'est étendu dans huit pays, avec plus de 500'000 utilisateurs. Il en compte 20'000 à Zurich, où il existe depuis quatre mois. A Genève, quinze établissements sont partenaires et vingt doivent s'ajouter prochainement. La majorité sont des food-trucks et des restaurants italiens. Ils vendent leurs produits entre 3 et 6 fr.
S'il n'y a finalement pas de restes, le restaurant avertit le client par SMS, assure Too good to go. En théorie, car ce n'est pas si simple dans la réalité. «Je n'ai pas le temps de m'occuper de ça pendant le service», affirme Fatima, serveuse chez Seed. Hier, elle n'était pas au courant que des personnes avaient réservé à manger. «Mais c'est bien, car sans ça nous jetons tous les restes.» Pour se financer, l'application perçoit 1fr.50 du client sur chaque transaction.
Consommateurs sensibles à la question du développement durable
Gilles Meystre, président de GastroVaud, voit plutôt d'un bon oeil le concept de Too good to go, du moment que «les conditions d'hygiène sont garanties. Je me réjouis de voir si ça va fonctionner. Le consommateur est toujours plus sensible à la question du développement durable. Mais aura-t-il envie de manger de l'invendu?» Actuellement il n'existe que des programmes facultatifs de lutte contre le gaspillage. Certains restaurateurs jettent leurs invendus, d'autres les donnent à des associations.
Autre app pour manger moins cher
Un peu dans la même veine que Too good to go, Eat & Out a été lancé par deux étudiants genevois. L'application propose chaque midi une offre dans un établissement à proximité de l'université. Cela depuis fin mars. Mardi midi, la Maison du sandwich offrait un sandwich pour un menu acheté. Ce mercredi, A Table fait de même avec un dessert. Les offres du soir varient plus: deux boissons chaudes pour le prix d'une mardi chez Muller's Factory, des entrées à gagner pour le Geneva Gaming Convention ce mercredi, des réductions au bowling de la Praille jeudi.
«Nous travaillons aussi sur une offre shopping quotidienne à venir d'ici à février et sur une offre cours de danse», indique Myke Penseyres, dit le Grand sage. Les deux entrepreneurs veulent aussi lancer leurs propres événements dès novembre. Notamment des dégustations de café et de vin. Ils travaillent actuellement avec 45 partenaires, et l'application compte plus de 2000 utilisateurs.
La Suisse, mauvais élève
La Suisse, mauvais élève
Un tiers de la production mondiale de nourriture est gaspillée chaque année, soit 1,3 milliards de tonnes, rappelle Flore Martinson. Le secteur de la restauration en est responsable à hauteur de 14%. La Suisse est le deuxième pays le plus irresponsable d'Europe derrière la Belgique, avec 300kg de nourriture jetée par habitant par année. Loin derrière la Suède, championne sur le continent avec seulement 72kg. Selon Too Good To Go, grâce à ses 235'000 plats vendus en Europe depuis janvier 2016, 420 tonnes de CO2 ont été sauvés.