GenèveMenace sur les finances des Eglises genevoises
La loi sur la laïcité veut supprimer à terme l'impôt ecclésiastique volontaire. Cela réduira les services à la population, selon les institutions religieuses.

La cathédrale Saint Pierre et la vieille-ville de Genève.
Keystone/Laurent GillieronDans la chapelle des Macchabées, à la cathédrale Saint-Pierre, l'ambiance est plutôt lugubre. Les Eglises protestante, catholique romaine et catholique chrétienne ont fait part ce mardi de leur inquiétude face au projet de Loi sur la laïcité, qui doit être soumis jeudi au Grand Conseil.
L'un des points qui mortifie ces institutions concerne la suppression, dans 20 ans au maximum, de la contribution ecclésiastique volontaire. Elle figure aujourd'hui sur chaque déclaration d'impôts. Le contribuable est libre de la remplir ou pas. Mais bon an, mal an, cette disposition rapporte plusieurs millions de francs aux trois églises chrétiennes, qui ne touchent aucun argent public au bout du lac.
«Le manque à gagner nous affecterait considérablement, craint le curé Jean Lanoy. Des postes et des services pourraient disparaître». Cet impôt volontaire représente en effet de 15 à 50% des rentrées financières des trois cultes concernés (ndlr: 15% pour l'Eglise catholique romaine, 25% pour l'Eglise protestante et 50% pour l'Eglise catholique chrétienne). «Nous effectuons un accompagnement spirituel mais aussi social des plus fragiles et des plus démunis, souligne Emmanuel Fuchs, président de l'Eglise protestante. Si nous n'avons plus les moyens d'accomplir ces tâches, qui le fera?»
Cas unique en Suisse
Les institutions rappellent ainsi qu'elles effectuent 15'000 visites par an dans les hôpitaux du canton ou encore les prisons, travaillent à l'intégration des migrants et - cas unique en Suisse - financent elles-mêmes l'entretien et la rénovation des édifices religieux. Ainsi, la cathédrale Saint-Pierre coûte 1,5 million par an à l'Eglise protestante.
Pour le député PDC François Lance, supprimer la contribution ecclésiastique dans deux décennies est un compromis satisfaisant: «On ménage ceux qui voulait l'annuler tout de suite et on donne du temps aux églises pour trouver d'autres sources de financement».
Son collègue d'Ensemble à Gauche Pierre Vanek acquiesce. Mais il lâche tout de même ne pas voir «pourquoi les églises bénéficieraient de l'inscription d'un impôt volontaire sur les déclarations fiscales (ndlr: un service qu'elles paient à l'Etat, à hauteur de 2% des contributions versées), et pas les syndicats ou les clubs de foot?». Les responsables ecclésiastiques rétorquent que «les clubs sont subventionnés et les terrains payés par l'Etat. On nous considère comme n'importe quelle entreprise privée, mais nous avons des contraintes qu'elles n'ont pas. Ce projet de loi résonne comme un manque de reconnaissance aux services que nous rendons à la collectivité, ce que nous regrettons».