Stratégie policière mise en cause après les émeutes

Actualisé

Manif à GenèveStratégie policière mise en cause après les émeutes

Après les débordements du cortège d'anars de samedi, les autorités sont pointées du doigt. La police dit préférer ne pas chercher la confrontation.

par
Julien Culet

La casse causée par la manifestation non-autorisée de samedi soir aurait-elle pu être évitée? La question se pose alors que Genève panse ses plaies, murs tagués et vitrines brisées, et qu'une procédure pénale a été ouverte lundi pour «émeute» (voir encadré). Quelque 500 personnes entendaient «prendre la rue» pour défendre la culture face à l'austérité. L'événement était annoncé depuis une semaine sur le site d'ultragauche renverse.ch.

«La police a fait au mieux avec les effectifs disponibles, indique Marc Baudat, chef du syndicat UPCP. Nos cadres ont la psychose des heures supplémentaires.» Selon la «RTS», 28 agents étaient mobilisés sur la centaine nécessaire pour gérer un tel mouvement. Deux gendarmes ont été blessés, dont un par un cocktail molotov. La cheffe de la police a défendu dans la «Tribune de Genève» une stratégie qui respecte la doctrine d'engagement: observer et protéger les lieux sensibles comme les Rues Basses et les commissariats.

Tant qu'il n'y a pas de débordement important, les manifs non-autorisées sont donc tolérées. «Un cortège de cyclistes (Critical Mass, ndlr) parcourt la ville chaque mois, illustre le porte-parole de la police Jean-Philippe Brandt. Il peut ensuite y avoir des contraventions en cas de problème.» Un procédé qui est propre à la Suisse romande. «Du côté alémanique, ils interviennent plus vite sur les dommages à la propriété avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes», explique Marc Baudat.

Manque d'agents à droite, complot à gauche

Les événements de samedi sont le résultat des économies touchant la police, selon le MCG. «On fait tout pour éviter les heures supplémentaires, cela impacte les effectifs mobilisés», estime le président du parti Roger Golay. L'austérité questionne également le PLR. «Il faut s'interroger si nous avons suffisamment de policiers pour faire face à un relèvement de l'alerte terroriste et pour gérer une manifestation de casseur», indique la députée Nathalie Fontanet.

La Verte Sarah Klopmann voit elle «le laissez-aller de la police comme une stratégie pour décrédibiliser le mouvement contre les coupes dans la culture». La députée regrette en effet que ces débordements soient «du pain béni pour la droite». Contacté, le département de la sécurité attend le rapport de la police pour se prononcer.

Jusqu'à trois ans ferme

Selon l'article 260 du Code pénal, la qualification d'émeute concerne «celui qui aura pris part à un attroupement formé en public et au cours duquel des violences ont été commises collectivement contre des personnes ou des propriétés.» L'individu qui en est reconnu coupable risque jusqu'à trois ans de prison ou une amende. Aucune personne n'a encore été arrêtée après les événements de samedi.

Ton opinion