GenèvePolice rude avec les Kurdes et douce avec les casseurs
Le contraste entre le saccage du 19 décembre et la manifestation du 5 janvier intrigue. La police explique en partie, le département pas du tout.

Mardi, une quinzaine de policiers ont contenu une cinquantaine de manifestants kurdes.
photo: Kein Anbieter/Demir Sönmez«Il est temps que l'on s'explique sur la stratégie de notre police et ses traitements différenciés.» Mercredi, le député PS Jean-Charles Rielle s'étonnait sur son blog. Pourquoi le 19 décembre, des dizaines de vandales ont-ils pu défigurer le centre-ville sans être arrêtés? Alors que mardi, les agents ont vivement interpellé quatre manifestants kurdes après un début de heurts avec des Turcs attendant des proches à l'aéroport.
L'élu veut savoir qui, de la police ou du conseiller d'Etat, décide. «Parce que mardi, la démonstration de force m'a semblé être un message très clair à la Turquie. N'aurait-on pu se contenter d'un cordon de sécurité?»
«Malaise dans le corps de police»
«Quand le politique se mêle trop d'opérationnel, on arrive à des dérives, commente l'élu MCG Jean Sanchez, ex-numéro 2 de la police. Il y a un malaise dans ce corps et pas mal de tensions depuis quelques mois. Voici un exemple de plus qui accrédite ma thèse.» Il réclame depuis fin décembre la création d'une commission d'enquête parlementaire.
«Risques d'interventions contradictoires»
Président de la commission judiciaire et de la police, le PDC Vincent Maitre estime qu'aucun politicien n'est compétent pour expliquer la différence entre les deux interventions. «Il s'agit d'opérationnel. Les députés n'ont pas à s'y immiscer.» Il juge en revanche pertinent de demander qui dirige et observe que «si la chaîne de commandement n'est pas claire, on crée de la confusion et on prend le risque d'interventions policières inadaptées et contradictoires.»
Le rapport du saccage présenté à la rentrée
Le Département de la sécurité, pour sa part, «refuse de commenter les propos d'un député qui s'est exprimé sur les réseaux sociaux », en l'occurrence Jean-Charles Rielle. De l'hypothétique deux poids, deux mesures, il ne dira rien. Sur la casse de décembre, «le rapport demandé par le conseiller d'Etat Pierre Maudet pourrait être présenté la semaine prochaine». D'ici-là, motus.
«On se devait d'intervenir»
Porte-parole de la police, Jean-Philippe Brandt ne parle donc que de l'aéroport, «un lieu avec des forces sur place, mobilisables en cinq minutes. Entre kurdes et turcs, l'émotionnel est très fort. Et là, ils étaient en train de se battre. On se devait d'intervenir, vu la présence de femmes et d'enfants. Tous les événements sont différents.»