GenèveSérie de viols de rue au menu du tribunal
Trois femmes ont été agressées de nuit. Au cœur des débats, l'ADN et la condition féminine.

Le viol s'est déroulé dans la cour de l'école qui jouxte le musée d'ethnographie, quelques mois avant son inauguration. La tentative a eu lieu sous le pont de la Coulouvrenière et la contrainte à la rue des Epinettes, aux Acacias.
GoogleL'homme, «un prédateur de l'ombre, tapi dans le noir», décrit Me Santonino, a écumé la zone de Plainpalais et des Acacias d'avril à novembre 2014. Il a frappé trois fois, en pleine rue, de nuit, ciblant des jeunes femmes rentrant de soirée, attaquées de dos, menacées de mort. Bilan: un viol, une tentative, une contrainte sexuelle. Jeudi, un Serbe de 30 ans, qui nie en bloc, faisait face au tribunal.
Tout l'accable: les descriptions des victimes, le natel qui «borne» vers les crimes, deux traces génétiques (lire encadré). Son passé aussi, cinq ans de prison depuis 2004, des violences, un respect nul de la gent féminine. Pour le procureur, il ne faut «lui faire aucun cadeau. L'Etat a assez donné.» Il plaide «le faisceau d'indices d'une très grande densité» et la condition des femmes, qui ici peuvent déambuler à leur guise jour et nuit, «un acquis pas évident, une conquête.»
«C'est humiliant.»
«Le viol de rue est une atteinte à la liberté de toutes les femmes!», abonde Me Bertani, qui défend la victime prise de force, à 23 ans. «Elle a tout perdu: travail, copain, sommeil, insouciance, liberté.» Sobre et digne comme ses compagnes d'infortune, elle décrit: «Je me suis sentie comme un objet, je suis passée devant lui et il s'est servi. C'est humiliant.»
Le procureur veut huit ans ferme. Me Nuzzo, qui défend l'accusé, plaide l'acquittement: deux victimes ne l'ont pas identifié «formellement», et il est normal que son natel ait borné dans la zone: il y vit et y travaille.
Génétique, anatomie et probabilités
Le profil ADN complet du prévenu n'a pas été retrouvé. Seul son «facteur Y», partagé avec sa famille, a été décelé dans le vagin d'une victime, sur la veste d'une autre. Un profil ADN, dit Me Nuzzo, c'est une chance sur un milliard de se tromper. Un profil Y signifie «qu'il est 7900 fois plus probable que ce soit lui plutôt qu'un autre»: à Genève, statistiquement, 29 personnes pourraient donc coller. Bien moins si on ôte enfants, aînés, homos, Chinois, etc., note Me Santonino.