GenèveVidange encore trop mortelle pour les poissons
De nombreux poissons auraient péri malgré l'emploi d'une nouvelle méthode pour entretenir le Rhône. Les pêcheurs montent au créneau.
«Une vidange a toujours un gros impact sur la faune. Rien qu'ici, à La Plaine, nous avons vu plus de 300 poissons tués et beaucoup d'autres sont morts en aval, en France.» A l'instar de Maxime Prevedello, secrétaire de la Fédération des sociétés de pêche genevoises, les pêcheurs amateurs du bout du lac trouvent les SIG trop optimistes sur les conséquences du récent abaissement du Rhône. Il était mené ces deux dernières semaines pour entretenir le fleuve. Les services industriels n'avaient pas attendu la fin de la manœuvre, le 31 mai, pour communiquer sur la réussite de l'opération.
«Quand trois mètres de boue descendent le fleuve, on voit que c'est brutal. Beaucoup de poissons disparaissent», rapporte Christophe Ebener, président de la Fédération. Le calendrier pose également problème d'après lui car «ces événements sont trop rapprochés. Tous les trois ou quatre ans, cela ne laisse pas assez de temps au fleuve pour se rétablir». Les pécheurs souhaiteraient aussi que l'Etat se prononce sur un entretien du Rhône sans vidange.
Les SIG indiquent avoir étudié et écarté cette possibilité. «Il s'agit d'un devoir sécuritaire de la part de l'Etat pour éviter des inondations», explique la porte-parole Véronique Tanerg. Elle confirme que, pour la régie, «l'opération s'est bien déroulée». Contrairement à 2012 (encadré), le Rhône était scruté pour éviter un surplus de sédiments susceptible d'obstruer les branchies des poissons. «Des prélèvements étaient effectués très régulièrement pour mesurer si le taux de matières en suspension ne dépassait pas les normes», précise Véronique Tanerg.
Hécatombe lors du dernier nettoyage
Il y a quatre ans, la vidange du barrage de Verbois avait provoqué la mort de dizaines de milliers de poissons. Leur population avait diminué de 75%. Abaissé totalement, le Rhône avait été asséché. Une méthode radicale mais nécessaire après neuf années sans nettoyage. «Si les crues de l'an passé s'étaient produites en 2011, les conséquences auraient été bien plus importantes», explique Véronique Tanerg. Cette année, les SIG ont essayé un abaissement partiel, sensé être moins violent pour la faune. Des poissons ont aussi été transférés dans le Léman peu avant la vidange. Un bilan définitif sera tiré dans une année.