EnvironnementVoilà ce qu'on peut trouver sur une plage du Léman
Une étude révélée lundi par l'Université de Genève rappelait le nombre important d'objets du quotidien jetés dans les eaux lémaniques. Un phénomène en hausse, selon l'Association pour la Sauvegarde du Léman.
Plus de 3000 débris en plastique tels que des bouteilles, bouchons, cotons-tiges, stylos, jouets, pailles, cache-pots, emballages alimentaires: c'est ce qu'ont ramassé sur douze plages du Léman des chercheurs des Universités de Genève (Unige) et de Plymouth (GB) en mars 2016. Le but était d'effectuer une analyse des composants chimiques des divers plastiques.
L'abondance de ces déchets issus de l'usage quotidien ne surprend guère l'Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL): «Effectivement, lors des opérations de ramassage Net'Léman, on constate depuis plusieurs années une augmentation des déchets plastiques liés à la consommation de tous-les-jours. Ils proviennent par exemple du littering, ou encore des pique-niques, relate Suzanne Mader-Feigenwinter, secrétaire générale de l'ASL. C'est pour cette raison que, lors de la prochaine opération Net'Léman, les 26 et 27 mai, nous effectuerons une comptabilisation très précise des plastiques afin d'en déterminer leur provenance, et voir s'ils viennent du littering, de chantiers ou des WC, par exemple. Les résultats nous permettront de proposer des solutions pour réduire ces déchets à la source.»
Comme pour les mers
Pour la faune d'eau douce, ces déchets sont «susceptibles de poser les mêmes problèmes que les plastiques marins», à savoir ingestion et enchevêtrement, relève de son côté Montserrat Filella, chercheuse à la Faculté des sciences de l'Unige et co-auteur de l'article paru dans Frontiers in Environmental Science. Après analyse, des produits toxiques comme le plomb, le mercure, le cadmium ou le brome ont été retrouvés, parfois dans des concentrations «très élevées».
La découverte de ces métaux montrent que des déchets séjournent dans le Léman depuis de décennies. Le mercure, par exemple, était employé pour la pigmentation jusque dans les années 1950. Plusieurs déchets étaient d'ailleurs rougeâtres. «Aujourd'hui, certains de ces éléments ne sont plus utilisés du tout ou le sont dans des concentrations plus faibles ou sous d'autres formes moins nocives. Ceci veut dire que les plastiques plus récents auront, en principe, des concentrations plus faibles des éléments utilisés et que, en plus, certains n'y seront pas trouvés du tout», explique Montserrat Filella.
Effets inconnus sur l'homme
Chez les animaux, l'absorption de ces plastiques peut conduire à la «libération des éléments toxiques qui s'y trouvent» et les affecter, précise-t-elle. Par contre, on ignore si la santé de l'homme peut être touchée. «Il n'y a pas d'études sur cette problématique, indique Montserrat Filella. Toute prédiction est donc hasardeuse. Mais c'est clair que, si nous consommons des poissons qui contiennent ces éléments, un effet sur l'homme n'est pas à exclure.»
La situation du Léman n'est «très probablement» pas pire que celle d'autres lacs suisses, relève la chercheuse. «La seule différence est que la situation a été étudiée dans celui-ci. Nous n'avons pas de raison de penser que la situation dans le Léman est pire qu'ailleurs. La présence de ces déchets et le fait qu'ils contiennent des concentrations élevées de certains éléments chimiques doit servir surtout à tirer la sonnette d'alarme», poursuit-elle.
Améliorer le recyclage et le ramassage
Selon la scientifique, des améliorations dans le ramassage et le recyclage permettraient de lutter contre le problème: «On ne peut pas éliminer les plastiques «anciens» qui sont stockés dans le lac. Par contre, on peut veiller à éviter l'incorporation de nouveaux plastiques en améliorant les filières de ramassage et recyclage.»