Skier quand on est aveugleDes «labradors des neiges» sur la Piste de l'Ours
Une trentaine de handicapés de la vue et des guides spécialisés participent jusqu'à samedi à un camp de ski alpin à Veysonnaz (VS). «20 minutes» vous propose de les découvrir en vidéos.
«Gauche!», «Droite!», «Gauche!», «Droite!»... Depuis quelques jours, les personnes qui fréquentent la station valaisanne de Veysonnaz voient passer d'étranges tandems. En formation rapprochée, ils dévalent les pistes aux sons d'ordres quasi martiaux, parfois à vives allures.
Composés d'un skieur avec une veste rouge et d'un autre avec une veste jaune, ces binômes colorés sont des participants à un camp alpin organisé par le Groupement Romand de Skieurs Aveugles et malvoyants (GRSA). Les porteurs des vestes rouges sont des guides, ceux des vestes jaunes des déficients visuels à des degrés divers.
Skier comme tout le monde
«Le guide est là pour offrir un confort et sécuriser l'aveugle (qui skie devant le guide) ou le malvoyant (qui skie généralement derrière le guide). Il lui indique la direction des virages, en criant assez fort pour couvrir le bruit des carres ou le guide plus discrètement grâce à un système d'oreillettes», explique Guy, 56 ans. Depuis 35 ans, ce Vaudois donne de son temps une vingtaine de journées par hiver pour servir de «labrador des neiges».
«Grâce à une formation adéquate, on veut juste montrer qu'il est possible de permettre à des handicapés de la vue de skier comme tout le monde. Leur niveau moyen est d'ailleurs assez impressionnant par rapport aux skieurs classiques. On veut pouvoir les faire évoluer sur n'importe quelle piste. On ne veut pas de lieux exprès pour nous et être parqués dans des enclos», précise-t-il.
«Cela me fait oublier mon handicap»
Sur la Piste de l'Ours, Guy accompagne Josiane, une Neuchâteloise de 57 ans, responsable de la communication au sein du GRSA. «Je vois à 20% avec un oeil et rien avec l'autre, témoigne-t-elle. Le ski me procure un sentiment de liberté absolue et me fait même oublier mon handicap. J'encourage vivement les malvoyants à contacter notre association via notre site internet pour goûter avec nous, en toute sécurité, aux joies du ski quelque soit leur niveau! Nous recherchons aussi des gens motivés pour les guider», souligne La Locloise.
Autre participante, Chantal, une Valaisanne aveugle, confirme le plaisir que lui donne les séances de glisse. «Lorsque je skie, je me sens vraiment libre. Je ne dépends plus de mon chien. Et, même s'il y a un guide avec moi, je ne me sens rattachée à personne. Ce sont des instants magiques, des moments de sensations fortes que je ne retrouve dans aucune autre activité».
Moins ennuyeux que de skier seule
Anne-Lise, la quarantaine, explique être devenue guide depuis 2005. «Mes enfants n'avaient plus besoin de moi pour les sports d'hiver. Mon mari ne voulait plus skier. J'ai skié seule durant une saison et j'ai trouvé cela très ennuyeux. J'ai alors découvert le GRSA».
Mercredi, elle a piloté Jean-Claude, 63 ans. Il confie avoir complètement perdu la vue à l'âge de 26 ans suite à une maladie qui s'est attaquée à sa rétine durant son adolescence. Il explique avoir aussi beaucoup de plaisir. «Je pratique le ski depuis 1976. Les saisons passées, j'adorais me rendre au Super Saint-Bernard qui est fermé cette année. Ici, à Veysonnaz, la neige est un peu dure à mon goût, aujourd'hui. Je préfère quand les conditions sont moins fatigantes», lâche-t-il.