La «dernière sorcière d'Europe» sera réhabilitée

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La «dernière sorcière d'Europe» sera réhabilitée

Anna Göldi, la «dernière sorcière d'Europe», pourra être réhabilitée.

Le parlement glaronais a approuvé mercredi, contre la volonté du gouvernement et de l'UDC, une motion du conseiller aux Etats radical Fritz Schiesser, également député cantonal.

La décision est tombée par 37 voix contre 29. Anna Göldi est la dernière femme à avoir été condamnée à mort pour sorcellerie en Europe. C'était il y a 225 ans. Anna Göldi, alors âgée de 48 ans, a été décapitée le 13 juin 1782 à Glaris. Elle avait été jugée coupable d'avoir ensorcelé une petite fille de huit ans, au terme d'un procès très controversé à l'époque déjà.

A la place d'une réhabilitation, le Conseil d'Etat avait proposé de réaliser et publier un travail scientifique sur la vie d'Anna Göldi. Le fait d'avoir cassé le jugement du procès intenté à cette femme en fait une innocente, estimait-il.

«La réhabilitation d'Anna Göldi serait la reconnaissance qu'elle a été condamnée à tort», a rétorqué le motionnaire, Fritz Schiesser. Un collègue socialiste a ajouté qu'un travail de recherche sur Anna Göldi et son procès n'étaient pas nécessaires. «Tous les faits sont connus», a-t-il dit.

Complot

En effet, un livre-enquête du journaliste Walter Hauser est sorti en juin dernier, à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Anna Göldi. Le spécialiste d'histoire glaronaise et rédacteur du «SonntagsBlick» démontre le complot des notables locaux contre la «sorcière» glaronnaise.

Il éclaire notamment le rôle de Johann Jakob Tschudi, membre du gouvernement, dont Anna Göldi était l'employée et la maîtresse. La fillette soi-disant ensorcelée était sa fille.

Eglise impliquée

Walter Hauser révèle en outre que le tribunal qui a jugé Anna Göldi, le conseil de l'Eglise protestante glaronaise, n'avait pas la compétence de le faire. Les aveux de la femme ont été arrachés sous la torture. Au printemps dernier, l'Eglise protestante a rejeté la demande de réhabilitation.

Les autorités glaronaises ont aussi tout fait à l'époque pour étouffer toute contestation. Les habitants qui critiquaient le procès ou le verdict recevaient des menaces de mort. Pour son livre, Walter Hauser s'est appuyé sur de nouveaux documents, des textes rédigés par deux journalistes allemands qui avaient couvert le procès.

Une fondation

La future réhabilitation de la «dernière sorcière» est une victoire pour la fondation «Anna Göldi», créée en mars dernier. Celle-ci entend non seulement maintenir le souvenir d'Anna Göldi, mais aussi s'engager pour les victimes contemporaines de jugements arbitraires. La personnalité la plus connue du Conseil de fondation est l'ancienne conseillère fédérale Elisabeth Kopp.

Depuis le 22 septembre, Anna Göldi a aussi son musée à Mollis, à côté de la maison de la famille Zwicky où elle a travaillé en tant que domestique pendant plusieurs années avant d'entrer au service des Tschudi à Glaris. En 1991, le film de la réalisatrice allemande Gertrud Pinkus rendait déjà hommage à la «dernière sorcière» (»Anna Göldin - letzte Hexe») et dénonçait sa condamnation arbitraire. (ats)

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