Etats-UnisElle filme son avortement et le publie sur le web
Une jeune Américaine a diffusé la vidéo immortalisant son interruption de grossesse. Lundi, elle a publié une chronique sur le site du «Cosmopolitan» pour justifier sa démarche.
Source: YouTube
Emily Letts, 25 ans, travaille comme avocate dans une clinique spécialisée dans l'avortement à Cherry Hill (New Jersey). En novembre 2013, la jeune femme a dû elle-même subir une interruption de grossesse. Une intervention qu'elle a choisi de filmer et de commenter, avant de la publier sur YouTube en mars dernier. Son objectif, explique-t-elle, est de destigmatiser l'avortement et de montrer que cet acte «n'a rien d'effrayant».
La vidéo montre la jeune femme le soir avant l'intervention, raconte le «New York Daily News». Elle confie qu'elle est enceinte mais qu'elle n'est pas prête à devenir mère. «Je suis chanceuse. Je suis complètement à l'aise avec ma décision, déclare-t-elle. Je veux simplement partager mon histoire et montrer aux femmes qu'un avortement peut être positif.» Emily ajoute qu'elle n'a pas demandé l'avis de son compagnon pour prendre sa décision.
Réactions contrastées
La suite du film montre la jeune femme sur la table d'opération. Elle a subi une anesthésie locale et reste donc consciente pendant l'intervention, tenant la main de quelqu'un. «Vous êtes mes héros», lance-t-elle à l'intention du personnel médical, une fois l'opération terminée. La vidéo d'Emily a été récompensée par l'Abortion Care Network, une association soutenant les femmes qui souhaitent avorter.
Dès leur publication, les images ont fait réagir de nombreux internautes. Carol Tobias, présidente de National Right to Life, a notamment trouvé «triste que quelqu'un puisse être récompensé pour avoir filmé l'intervention qui a pris la vie d'un innocent être humain». D'autres ont salué la démarche d'Emily, louant son courage et sa générosité.
«Chaque fois que je regarde la vidéo, je l'adore»
Pour répondre à cette avalanche de commentaires, Emily Letts s'est fendue d'une chronique, écrite à la première personne, sur le site de «Cosmopolitan», lundi. Dans ce texte, l'Américaine explique sa démarche sans prendre de gants: «On parle tellement d'avortement mais personne ne sait vraiment à quoi cela ressemble. Une IVG au premier trimestre prend trois à cinq minutes. C'est plus sûr que de donner la vie. Il n'y pas d'incision et le risque d'infertilité est de moins d'1%», estime la jeune femme.
«Je sais qu'il y a des femmes qui ressentent beaucoup de remords. J'ai vu des larmes. Le deuil est une étape importante dans le parcours d'une femme, mais ce que je voulais vraiment aborder dans ma vidéo c'est la culpabilité. Notre société la nourrit. Nous la respirons de tous les côtés», écrit l'Américaine, qui se dit fière d'une démarche qu'elle assume complètement: «Chaque fois que je regarde la vidéo, je l'adore. J'adore comme elle est positive. Je pense qu'il n'existait simplement aucune histoire positive d'avortement en vidéo jusqu'à aujourd'hui. La mienne l'est», conclut Emily.