Fusillade de Munich«Le lien est évident» avec le tueur norvégien Breivik
L'auteur de la tuerie avait sans doute invité ses victimes à se rendre au McDonald's en piratant un compte Facebook.
L'auteur de la tuerie de Munich (sud) avait sans doute piégé ses victimes en piratant un compte Facebook pour les inviter à se rendre dans un restaurant McDonald's et y bénéficier de réductions, a affirmé le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière.
Celui-ci a également souligné que le jeune homme de 18 ans avait probablement été victime dans le passé de «harcèlement» par d'autres «jeunes de son âge».
Facebook piraté
«Il y a eu avant vraisemblablement un compte Facebook piraté», a expliqué M. de Maizière lors d'une conférence de presse à Berlin. Ce compte incitait les victimes à venir profiter «des offres spéciales ou des réductions» de la chaîne de restauration rapide au centre commercial où s'est déroulée la fusillade sanglante vendredi soir.
«Certains éléments laissent penser (que la personne qui a piraté le compte) est le tueur», a ajouté le ministre alors que l'invitation à se retrouver dans le fast-food était fixée à 16 heures ce vendredi. Selon les médias, le tireur, David Ali Sonboly, aurait posté ce message sur Facebook: «Je vous offre ce que vous voulez mais pas trop cher».
Il a tué neuf personnes et blessé seize autres vendredi en fin d'après-midi avant de prendre la fuite et de se suicider non loin du centre commercial.
La plupart des morts sont des adolescents ou des jeunes: trois étaient âgées de 14 ans, deux de 15 ans, les autres ayant 17, 19, 20 et 45 ans.
La fusillade qui a ensanglanté Munich est l'oeuvre d'un forcené souffrant de problèmes psychologiques, sans lien avec le jihadisme, qui a voulu établir un lien avec le massacre il y a tout juste cinq ans d'Anders Behring Breivik.
«Nous partons du principe qu'il s'agit dans cette affaire d'un acte classique d'un forcené» qui a agit manifestement sans motivation politique, a déclaré samedi à la presse le procureur de Munich Thomas Steinkraus-Koch, au lendemain de la tuerie. «Il n'y a pas d'autres raisons» à cet acte qui a fait 9 morts et 16 blessés, a-t-il ajouté.
«Nous avons trouvé des éléments montrant qu'il se préoccupait des questions liés aux forcenés» auteurs de tueries, notamment des livres et des articles de journaux, a précisé le chef de la police de Munich, Hubertus Andrä. «Il n'y a absolument aucun lien avec (le groupe) Etat islamique», a-t-il déclaré.
Une forme de dépression
Le tueur, un Germano-Iranien de 18 ans, né à Munich et qui fréquentait une école de la ville, a ouvert le feu sur des passants vendredi soir à proximité et dans un centre commercial. Après avoir tué les neuf personnes, de jeunes gens pour la plupart, et blessé 16 autres, il s'est donné la mort.
Fils d'un chauffeur de taxi et né en Allemagne, le jeune homme souffrait «d'une forme de dépression», a souligné le procureur. «Il s'agit ici d'une maladie, d'une forme de dépression», a-t-il dit invitant dans le même temps à se montrer prudent sur les informations selon lesquelles il aurait suivi un traitement psychiatrique.
Les enquêteurs ont aussi établi un lien «évident» entre la fusillade et le tueur norvégien Anders Behring Breivik. «Le lien est évident», a dit M. Andrä, en soulignant que la fusillade était intervenue 5 ans jour pour jour après le massacre de 77 personnes par l'extrémiste de droite Breivik.
Acte isolé
Samedi à l'aube, les forces de l'ordre ont effectué une perquisition dans la chambre occupée par le jeune homme. Une voisine, interrogée sur les lieux, a toutefois affirmé connaître le jeune homme, «une bonne personne (...) qui riait comme toute personne normale». «Je ne l'ai jamais vu en colère, je n'ai jamais entendu de problème avec la police ou avec les voisins», a témoigné Delfye Dalbi, 40 ans, qui affirme habiter au 1er étage et le jeune homme, fils de chauffeur de taxi, au 5e.
Sur une courte vidéo amateur largement diffusée sur les réseaux sociaux vendredi soir peu après la tuerie, et authentifiée par la police, on voit un riverain agonir d'injure l'auteur de la tuerie, vêtu de noir et un pistolet à la main.
«Sale métèque», lui lance-t-il. Une voix qui semble celle de l'assaillant lui répond: «Je suis Allemand, je suis né ici. Dans un quartier de Hartz IV», le nom de l'allocation chômage longue durée, synonyme en allemand de quartier défavorisé, avant de lancer : «J'étais en traitement hospitalier».
En état de siège
Munich s'est retrouvée en état de siège pendant plusieurs heures vendredi lors de la fusillade car la police a craint pendant longtemps que plusieurs auteurs soient à l'oeuvre et en fuite dans la ville. Les transports en commun ont été interrompus, la gare fermée et les habitants invités à rester chez eux, tandis que plus de 2.000 policiers étaient déployés. Au final, il s'est avéré que l'auteur avait agi seul et s'était donné la mort peu après les faits.
L'Allemagne reste sous le choc: cette tuerie est intervenue quatre jours seulement après une attaque à la hache dans un train régional également en Bavière commise par un jeune demandeur d'asile de 17 ans qui a revendiqué son geste au nom du groupe Etat islamique (EI). Et selon le chef de la police de Munich, des éléments ont été découvert montrant que le Germano-Iranien avait suivi de près l'attaque à la hache.
A Berlin, la chancelière devrait s'exprimer en début d'après-midi après avoir réuni en milieu de journée ses principaux ministres. Certains d'entre eux ont interrompu leurs vacances après cette fusillade.
Victimes étrangères
Sept ressortissants étrangers - trois Kosovars, trois Turcs et un Grec - font partie des neuf personnes tuées vendredi soir. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a cité les noms de trois Turcs figurant par les victimes - Sevda Dag, Can Leyla et de Selçuk Kiliç - lors d'un entretien avec la chaîne d'information turque NTV. Il a ajouté qu'il avait appelé les familles. Aucun détail n'était immédiatement disponible sur ces trois victimes.
De son côté, Pristina a annoncé que trois autres personnes tuées étaient des Albanais du Kosovo. Une journée de deuil national, le 24 juillet, a été décrétée par la présidence. Selon les médias locaux, il s'agit d'un homme, Diamant Zabergja, 21 ans, et de deux femmes, Armela Segashi, une adolescente de 14 ans, et Sabina Sula, dont l'âge n'a pas été précisé.
Un Grec, de 17 ans selon les médias, figure également au nombre des tués, a indiqué le ministère grec des Affaires étrangères. Cette mort «nous conforte encore dans notre obligation de combattre la haine et le terrorisme en Europe», a tweeté le Premier ministre Aexis Tsipras.