Europe«Une course à celui qui dégoûtera les migrants»
Les pays européens sont en train de «s'enfermer dans un cercle de plus en plus vicieux en fermant leurs frontières aux demandeurs d'asile», accuse le commissaire européen aux droits de l'homme.
«De nombreux Etats songent à instaurer, ou l'ont déjà fait, des politiques contre-productives: ériger des barrières, réduire les aides pour les demandeurs d'asile, leur confisquer leurs biens, les faire payer pour être hébergés dans des centres d'accueil ou parfois en détention, restreindre le regroupement familial», a déclaré vendredi le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Nils Muiznieks. Des mesures qui vont «à l'encontre des standards européens en matière de droit de l'homme», a-t-il estimé.
Au lieu d'aider les réfugiés, les pays européens se sont engagés dans «une course à celui qui dégoûtera les migrants», a accusé le commissaire, un ancien ministre letton spécialiste de la lutte contre le racisme.
Ces déclarations arrivent après qu'un sommet des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne s'est tenu à Bruxelles, au cours duquel le commissaire chargé du dossier des migrations a mis en garde contre un possible effondrement du système s'il n'y a pas, dans les dix prochains jours, de «résultats clairs et tangibles sur le terrain».
Mesures urgentes réclamées
Depuis le début de l'année, 50'000 réfugiés sont arrivés sur l'île grecque de Lesbos, rappelle Nils Muiznieks. Ils ont été 500'000 en 2015 à y parvenir, mais des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée.
Il est urgent que l'Europe «change de paradigme», écrit le commissaire, que les pays européens «appuient les négociations pour trouver des solutions politiques aux conflits en Syrie, en Afghanistan ou en Irak».
Il est tout aussi urgent qu'ils «augmentent la cadence pour reloger les demandeurs d'asile présents en Grèce et en Italie», principaux pays d'arrivée des migrants, et qu'ils facilitent le regroupement familial et les visas pour raison humanitaire.
Mettre ces mesures en place nécessite un «leadership politique et des moyens considérables», reconnaît-il. «Mais la poursuite des arrivées chaotiques, du chacun pour soi, la volonté de reculer sur les droits de l'homme ont des coûts politique, social et économique bien plus élevés.» «Nous commençons déjà à payer cette facture», a conclu M. Muiznieks, «et elle augmente rapidement».
Le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qui agit de manière indépendante, a en particulier pour mission de «déceler d'éventuelles insuffisances dans le droit et la pratique en matière de droits de l'homme» dans les 47 Etats membres de l'organisation paneuropéenne.
(nxp/afp)