Le dalaï lama se dit prêt à aller à Pékin
Le dalaï lama s'est dit prêt jeudi à se rendre à Pékin pour rencontrer les dirigeants communistes chinois.
Sa déclaration intervient alors que s'intensifie la répression après les troubles de ces derniers jours au Tibet.
«Je suis toujours prêt à rencontrer les dirigeants chinois, particulièrement (le président) Hu Jintao», a confié à des journalistes le chef spirituel en exil des Tibétains. Il a cependant reconnu que la perspective de se rendre à Pékin en ce moment n'était «pas pratique».
Les autorités chinoises imputent depuis des jours à la «clique du dalaï lama» les manifestations de Lhassa qui ont dégénéré en émeutes vendredi dernier. Le mouvement s'est propagé à d'autres villes de l'ancienne théocratie occupée par la Chine depuis 1950, et à des provinces voisines où vivent de fortes communautés tibétaines.
Sans vouloir divulguer ses preuves, Pékin accuse le dalaï lama de chercher à saboter les Jeux olympiques qu'organise en août la capitale chinoise et à diviser la Chine «sous le camouflage de la religion».
Ce dernier s'en défend, prône une autonomie élargie plutôt que l'indépendance pour le Tibet et se dit également opposé à un boycottage des JO.
Renforts militaires
Parallèlement, la Chine a renforcé la sécurité au Tibet et dans les régions avoisinantes, envoyant des renforts militaires selon des témoins, sur fond de pressions internationales croissantes.
Des convois militaires se dirigeaient vers le Tibet, alors que dans le même temps la présence des soldats est de plus en plus forte dans les régions de l'ouest où vivent des minorités tibétaines, selon un témoin, des journalistes et des associations pro-tibétaines.
«J'ai vu un convoi d'au moins 200 camions avec 30 soldats sur chacun d'entre eux, donc environ 6000 militaires en déplacement sur une seule journée», a témoigné jeudi Georg Blume du quotidien allemand «Die Zeit», l'un des derniers journalistes occidentaux à avoir été expulsé du Lhassa.
Dans le même temps, la Chine a demandé jeudi aux touristes étrangers de ne pas se rendre dans ces zones de l'ouest du pays, le Sichuan et le Gansu.
Par ailleurs, les autorités ont annoncé que 24 suspects avaient été arrêtés pour leur participation présumée aux émeutes de Lhassa. Les services du procureur précisent que les suspects ont été inculpés de mise en danger de la sécurité nationale et de «voies de fait, destructions, pillages, incendies volontaires et autres crimes lourds».
Les crimes contre la sécurité nationale sont généralement sanctionnés de peines lourdes qui peuvent aller jusqu'à des condamnations à mort.
Appels à la retenue
Les autorités américaines, comme l'Union européenne, ont pour leur part simplement appelé Pékin à la retenue. Mais le chef du gouvernement britannique, Gordon Brown, a annoncé mercredi qu'il rencontrerait le dalaï lama lors de sa venue en Grande-Bretagne, prévue en mai, s'attirant une réaction indignée du ministère chinois des affaires étrangères.
Selon un nouveau bilan officiel diffusé jeudi par Chine nouvelle, 325 personnes ont été blessées à Lhassa, où le coût financier des émeutes et des pillages est estimé à 28 millions de dollars. Pékin avait auparavant parlé de 13 «civils innocents» et trois émeutiers tués. Les groupes tibétains en exil avancent pour leur part un bilan proche des 100 morts parmi leur communauté.
Pour la première fois jeudi, Pékin a reconnu avoir ouvert le feu pour réprimer les troubles. Selon l'agence Chine nouvelle, la police a blessé par balles «en légitime défense» quatre émeutiers lors des troubles de dimanche dernier dans la province du Sichuan.
(ats)