Deuxième tour serréUne femme dirigera le PS français
Pour la troisième fois en deux semaines, les militants socialistes sont retournés aux urnes afin de décider qui de Martine Aubry ou Ségolène Royal reprendra la barre du parti.
Écarté au premier tour jeudi, Benoît Hamon soutient Martine Aubry.
Les deux camps affichaient leur optimisme vendredi et se réjouissaient que le premier parti d'opposition en France soit bientôt dirigé par une femme.
«Les militants ont déjà marqué profondément leur volonté de changement», a déclaré l'ex-candidate à l'élection présidentielle au lendemain du premier tour qui l'a placée en tête, se disant confiante avant un second tour très incertain.
Report «arithmétique»
Ségolène Royal est arrivée en tête jeudi soir avec environ 43 % des voix, contre 34 % à Martine Aubry, alors qu'il fallait 50 % pour être élu au premier tour. Benoît Hamon, qui a obtenu près de 23 % des suffrages, a appelé à voter pour la maire de Lille. Sur Europe 1, il a prédit un «ultime scrutin (...) serré».
Les partisans de Martine Aubry, 58 ans, maire de Lille et auteur de la réforme des 35 heures de travail hebdomadaire alors qu'elle était ministre de l'Emploi, ont indiqué compter sur le report «arithmétique» des suffrages obtenus au premier tour par Benoît Hamon.
Les militants «se poseront la seule et unique question qui vaille: qui est la mieux à même demain pour porter notre parti», a déclaré Martine Aubry.
Renouveau
Ségolène Royal, 55 ans, qui affirme incarner un «renouveau» du parti avec le soutien des militants, compte pour sa part bénéficier de la «dynamique» qu'elle dit incarner depuis qu'elle a affronté Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007.
Les résultats devaient en principe être connus vers minuit.
Passées toutes deux par l'Ecole nationale d'administration (ENA), le creuset des élites françaises, Mmes Royal et Aubry sont également toutes deux d'anciennes ministres. Pour le reste, beaucoup les oppose.
Austérité contre glamour
Le style austère de Mme Aubry tranche avec la touche «glamour» de Mme Royal. La première s'inscrit dans la continuité des structures du parti, quand la seconde compte le bouleverser dans une démarche «participative» offrant davantage la parole à la «base».
Et Mme Aubry a exclu toute alliance nationale avec le centre, alors que Ségolène Royal se refuse à l'exclure.
«Quel que soit le vainqueur, le Parti socialiste sera coupé en deux», observait vendredi le quotidien de droite «Le Figaro».
Rivalités
La tâche première de la nouvelle direction du parti sera donc de mettre une sourdine aux querelles et aux rivalités qui minent la principale formation d'opposition du pays.
Déstabilisé par la politique «d'ouverture» de Nicolas Sarkozy, qui a recruté plusieurs personnalités socialistes dans son gouvernement, le PS a peiné depuis 2007 à faire entendre un discours d'opposition.
Fort peu présent, à l'exception de Mme Royal, dans le débat sur la crise financière - au moment où le président Sarkozy multipliait les initiatives - le parti était entièrement investi dans ses querelles internes. (ats)