Sarkozy mis en examen pour «abus de faiblesse»

Actualisé

Affaire BettencourtSarkozy mis en examen pour «abus de faiblesse»

L'ancien président français a été mis en examen jeudi soir à Bordeaux pour son rôle joué dans l'affaire Bettencourt.

Nicolas Sarkozy était entendu au palais de justice de Bordeaux

Nicolas Sarkozy était entendu au palais de justice de Bordeaux

Nicolas Sarkozy «qui bénéficie de la présomption d'innocence, s'est vu notifier une mise en examen du chef d'abus de faiblesse, commis en février 2007 et courant 2007 au préjudice de Liliane Bettencourt», a indiqué le parquet de Bordeaux dans un communiqué.

L'abus de faiblesse est passible de trois ans d'emprisonnement, de 375'000 euros d'amende et d'une peine d'inéligibilité de cinq ans maximum.

L'inculpation est intervenue après l'audition de l'ancien président au palais de justice de Bordeaux et sa confrontation avec au moins quatre anciens membres du personnel de la milliardaire: l'ex-majordome Pascal Bonnefoy, une ancienne femme de chambre, une infirmière et un autre maître d'hôtel, selon l'avocat de M. Bonnefoy.

L'entrevue entre MM. Sarkozy et Bonnefoy a porté sur le nombre de visites effectuées par l'ancien président au domicile de la milliardaire pendant la campagne présidentielle de 2007, a précisé le défenseur.

Décision «incohérente»

Après plusieurs heures d'audition, l'ex-chef d'Etat est parti du palais de justice peu avant 22h00 à l'arrière d'une voiture précédée par un véhicule de la police circulant à vive allure, a constaté une journaliste de l'AFP.

L'avocat de M. Sarkozy a déclaré que la décision était «incohérente sur le plan juridique et injuste». «Je saisirai en conséquence immédiatement la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Bordeaux pour former un recours et pour demander la nullité, notamment de cette mise en examen», a-t-il annoncé.

L'affaire avait été déclenchée par l'ex-comptable des Bettencourt, qui avait déclaré à la police en juillet 2010 s'être vu réclamer 150'000 euros (183'000 francs) en liquide par l'ancien homme de confiance des Bettencourt, Patrice de Maistre, début 2007. Celui-ci lui avait assuré, selon la comptable, vouloir les donner à Eric Woerth, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy.

Les juges cherchent à déterminer si M. Sarkozy a commis un abus de faiblesse aux dépens de Mme Bettencourt en lui demandant de l'argent pour financer sa campagne présidentielle de 2007. L'ancien président de l'UMP a remporté l'élection de 2007 et a été battu en 2012, alors qu'il était candidat à un second mandat, par le socialiste François Hollande.

Plusieurs membres de l'entourage de la milliardaire ont déclaré avoir vu M. Sarkozy à plusieurs reprises pendant la période de la campagne de 2007 et ont affirmé qu'il avait rencontré Mme Bettencourt à ces occasions.

Sarkozy nie

L'ancien chef de l'Etat, qui nie toute malversation, admet l'existence de cette visite mais a expliqué dans les médias qu'il s'agissait d'un simple déplacement de courtoisie. Il estime que la validation de ses comptes de campagne par le conseil constitutionnel prouve qu'ils étaient exempts de reproches.

Ces derniers temps, la question d'une éventuelle nouvelle candidature de M. Sarkozy à la présidentielle de 2017 agite régulièrement le monde politique français et les médias.

Les premières réactions à son inculpation, venues du camp de M. Sarkozy, se référaient à cette éventualité et voyaient dans la décision de la justice des motivations politiques.

Liliane Bettencourt, 90 ans, est la femme la plus riche du monde avec une fortune estimée à 30 milliards de dollars, affirme le classement du magazine «Forbes». L'héritière du géant mondial des cosmétiques L'Oréal est en état de démence depuis 2006 au moins, selon une expertise versée au dossier. Elle a été placée sous tutelle de sa famille en 2011. (ats)

Ton opinion