Ils expulsent un sans-papiers en jet privé

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LuxembourgIls expulsent un sans-papiers en jet privé

Un avion privé sera spécialement affrété ce dimanche pour renvoyer chez lui un jeune Marocain sans papiers. Lors des précédentes tentatives d'expulsion, il avait réussi à s'échapper.

par
Laurence Bervard
Les personnes en situation irrégulière sont envoyées au centre de rétention du Findel pendant six mois. Elles sont ensuite soit expulsées et renvoyées à leur pays d'origine, soit remises en liberté.

Les personnes en situation irrégulière sont envoyées au centre de rétention du Findel pendant six mois. Elles sont ensuite soit expulsées et renvoyées à leur pays d'origine, soit remises en liberté.

«Le jeune homme a appris ce samedi qu'il serait renvoyé chez lui dimanche et qu'on l'escorterait en avion privé pour éviter qu'il ne s'échappe», raconte Nathalie Oberweis de l'Association de soutien aux travailleurs immigrés(ASTI). Effectivement, le jeune Marocain a par le passé déjoué plusieurs tentatives d'expulsion et a réussi à s'échapper alors qu'il était sensé monter à bord d'un avion de ligne à destination de Casablanca.

«Imaginez-voir les fonds déployés rien que pour une seule personne», explique Nathalie Oberweis. «Cela paraît quand même un peu fort que le gouvernement trouve quelques dizaines de milliers d'euros en temps de crise».

Un cas rare, mais pas unique

«Effectivement, il arrive de temps en temps que nous soyons obligés de déployer des moyens complémentaires pour permettre aux personnes en situation irrégulière de rejoindre leur pays natal», explique Nicolas Schmit, ministre de l'Immigration (LSAP) contacté par L'essentiel Online. «Parfois nous n'avons pas d'autre moyen que d'affréter un avion privé. C'est notamment le cas lorsque les personnes refusent de monter dans un avion de ligne ou échappent aux policiers qui les escortent», tente-il de justifier, tout en assurant qu'un tel mode opératoire est relativement rare.

Du côté de l'ASTI, on regrette surtout la manière de procéder, car samedi prochain, la personne en question aurait été autorisée à quitter le centre de rétention. Car le séjour au centre de rétention est limité à six mois. Si pendant six mois, toutes les tentatives de retour dans le pays natal ont échouées, les personnes sont remises en liberté et autorisées à circuler librement au Grand-Duché.

La politique de rétention pointée du doigt

«La pratique de retenir les personnes en situation irrégulière au Findel pendant six moins avant de les remettre en liberté semble tout justement illogique», s'étonne Serge Kollwelter de l'ASTI. «À savoir qu'il ne s'agit pas de personnes qui ont commis un crime mais dont le seul défaut est de ne pas disposer de papiers». Car en effet, à l'issue de ces six mois, 30 % des retenus sont relâchés dans la nature, faute d'avoir pu déterminer où les rapatrier. «Certains pays, tels l'Algérie par exemple, refusent que leurs citoyens ne leur soient retournés», détaille Serge Kollwelter.

Entre 2011 et 2012, 251 personnes en situation irrégulière ont transité par le centre de rétention du Findel. Ce dernier a été spécialement aménagé pour que les immigrés en transit ne soient pas mélangés aux délinquants de la prison de Schrassig. Doté d'un budget de fonctionnement de 2 millions et demi d'euros, le centre emploie une cinquantaine de personnes.

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