Turquie: Abdullah Gül retire sa candidature à la présidence

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Turquie: Abdullah Gül retire sa candidature à la présidence

ANKARA - Le ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gül a retiré dimanche sa candidature à la présidence du pays, après l'échec d'un deuxième scrutin au Parlement sur fond de crise politique autour de la laïcité, rapporte l'agence officielle Anatolia.

Le quorum de 367 parlementaires -soit la majorité des deux tiers- nécessaire pour valider l'élection n'a pas été atteint dimanche car l'opposition a boycotté le vote, a annoncé le président du Parlement Bülent Arinc après deux décomptes différents.

«Je retire ma candidature», a déclaré à l'issue de cette session M. Gül, cité par Anatolia. «Ma candidature est hors de propos pour le moment».

Un premier scrutin avait été invalidé la semaine dernière par la Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction de la Turquie, déjà en raison du boycott de l'opposition qui exigeait le retrait d'Abdullah Gül. Le ministre des Affaires étrangères avait annoncé dimanche avant le vote qu'il retirerait sa candidature s'il n'était pas élu cette fois-ci.

M. Gül était le seul candidat en lice, mais la désignation de ce proche du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan par le Parti pour la justice et le développement (AKP) a plongé la Turquie dans la crise politique, le camp laïc soupçonnant l'AKP de vouloir revenir sur la séparation de la religion et de l'Etat, principe fondateur d'un pays à 99% musulman.

L'opposition du camp laïc, soutenu par l'armée et porté par des manifestations géantes à Ankara et Istanbul, a conduit M. Erdogan à convoquer des élections législatives anticipées, le 22 juillet prochain. Samedi encore, plus de 10.000 personnes ont manifesté à Canakkale et Manisa, deux villes proches de la mer Egée. Ces défilés faisaient suite aux manifestations géantes qui ont rassemblé au total plus d'un million de personnes à Ankara et à Istanbul respectivement les 15 et 29 avril.

Une commission parlementaire a approuvé samedi soir tard un projet qui permettrait l'élection du président au suffrage universel direct. On ignore pour l'instant quand ce texte sera soumis au Parlement.

Si une telle réforme était adoptée à temps, les législatives et la présidentielle pourraient avoir lieu le même jour, selon des députés de l'AKP. Le 22 juillet prochain, les électeurs turcs pourraient donc renouveler leur Parlement et élire leur président.

Dans un entretien au «Financial Times», Abdullah Gül a indiqué qu'il serait le candidat de l'AKP si une présidentielle au suffrage direct devait avoir lieu. Il pense avoir le soutien de 70% de la population. (ap)

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