ParisUn extrémiste veut placer les Roms dans des camps
Paul-Marie Coûteaux, qui mène les troupes FN-Rassemblement bleu marine à Paris, qualifie la présence dans Roms de «lèpre» qui porte atteinte à «l'ordre esthétique» de son quartier.

Paul-Marie Coûteaux est président de Souveraineté, Indépendance et Libertés (Siel, un micro-parti allié au FN au sein du RBM).
Paul-Marie Coûteaux, tête de liste FN-Rassemblement Bleu marine dans le VIe arrondissement de Paris pour les municipales, suggère sur son blog de «concentrer» les Roms «dans des camps» comme remède à «l'abandon de la dignité nationale» que constituerait leur présence dans les rues.
Sur son blog, le président de Souveraineté, Indépendance et Libertés (Siel, un micro-parti allié au FN au sein du RBM), s'en prend dans plusieurs articles à la présence de Roms dans l'arrondissement huppé où il se présente. «Je me prends à les photographier lorsque j'en croise un trop grand nombre, aux fins de les mettre en ligne ici, serait-ce seulement pour apaiser la rage que me donne le spectacle désolant de ces femmes, de ces enfants, et quelquefois de ces familles entières qui dans un état d'abandon indescriptible, parsèment l'arrondissement, l'amochent de part en part, et rompent le charme de la moindre promenade», écrit Paul-Marie Coûteaux dans un message du 19 février 2014 illustré par des photos d'individus dormant sur des matelas.
Qualifiant cette présence d'«invasion» ou de «lèpre» qui porte atteinte à «l'ordre esthétique» du VIe arrondissement parisien, il juge qu'elle «témoigne jusqu'à la caricature de l'irresponsabilité générale, et corrélativement de l'abandon complet de la dignité nationale». En effet, selon ce candidat, «du fait que des familles entières s'installent au milieu de nos rues avec leurs bouts de lits rouillés, leurs matelas, leurs cabas, de cette saleté et des épidémies qu'elle ne manquera pas de provoquer (...), nul ne se sent responsable.»
Le maire du VIe arrondissement, n'ayant pas de pouvoirs de police, se défausse sur le Préfet de police de Paris, d'après lui. «Or M. le Préfet de police n'a sans doute pas d'ordre de M. le Ministre de l'Intérieur : sur un sujet aussi délicat, à lui de donner des instructions !», poursuit l'ancien député européen. Avant d'ajouter : «Mais que peut-faire M. le Ministre de l'Intérieur - à part concentrer ces populations étrangères dans des camps, où la vie serait sans doute si peu conforme à ce qu'elles escomptaient du voyage qu'elles préféreraient déguerpir d'un territoire aussi inhospitalier».
«Mais ce courageux ministre, s'il l'était, irait sans doute à l'encontre des oukases bruxellois, de la Cour européenne des Droits de l'homme, de tout l'attirail dit européen, sans compter de la catholicité et du Pape en personne, et ne songe pas à de telles extrémités», écrit encore Paul-Marie Coûteaux.
Paul-Marie Coûteaux a expliqué lundi soir auprès de l'AFP qu'il n'y avait pas de volonté de sa part de construire des camps : «ll n'y a pas un endroit dans ce texte où je demande la construction de camps, de barbelés. C'est la forme interrogative : "Que peut ce ministre ?". Je demande qu'on vienne à la source des problèmes, et ce problème c'est Schengen».
SOS Racisme dénonce des «propos immondes»
«Sinon, c'est l'impuissance générale ou des solutions dont personne ne veut et moi non plus, en raison de ma profonde catholicité. Je suis catholique et romain, je ne mets pas des gens dans des camps, ça ne se fait plus depuis longtemps», a-t-il ajouté.
Le candidat dit avoir exprimé sur son blog son «regret que toute solution légale (ne soit) pas possible. La solution légale serait d'avoir d'urgence une réunion européenne pour avoir une suspension générale de l'application de Schengen».
Dans un communiqué, l'association SOS Racisme a dénoncé lundi soir «les propos immondes tenus par Paul-Marie Coûteaux», et annoncé qu'elle «déposera plainte dans les prochains jours», au «regard de la gravité et de l'abjection de cette "prose" antirépublicaine». (afp)