Etats-UnisWashington s'offre une bataille de neige géante
Paralysée par la «snowpocalypse», Washington est devenue samedi un immense terrain de sports d'hiver, ses habitants abandonnant leurs costumes et tailleurs pour chausser des skis, des raquettes, ou se défouler à l'occasion d'une bataille de boules de neige géante.
«Jette pas ça, c'est de la glace!». Trop tard, le bloc est déjà dans la mêlée de grands enfants qui se disputent symboliquement le centre de Dupont Circle, une grande place du centre-ville de Washington.
La bataille a réuni plusieurs milliers de participants dans ce quartier branché. Avant même que la tempête record ne s'abatte, quelque 6000 personnes s'étaient donné rendez-vous, via le réseau de socialisation Facebook.
Les mieux organisés ont apporté de la poudreuse dans une luge pour ne pas manquer de munitions. D'autres, parfois enhardis par la bière, plongent dans le camp adverse, une main devant le visage, l'autre catapultant une boule de cet or blanc qui ne cesse de tomber depuis vendredi soir.
Cependant que la bannière étoilée circule au milieu de la foule, un jeune homme lance à ses amis «On refait le "Tea party!"», en allusion au mouvement des révoltés de Boston de 1773.
La bataille redouble d'intensité et le drapeau américain rejoint le monument central de la place, tenu par une cinquantaine de casse-cou qui sont mitraillés de tous bords. Soudain, ils chargent les assaillants qui les entourent, dans un éclat de rire général.
En retrait, les télévisions ont installé leurs camions de retransmission au bord de la route, à côté de voitures de police qui veillent au grain.
Un «Humvee» kaki (les 4X4 de l'armée) passe, avec deux soldats à l'intérieur. «Qu'est-ce que l'armée vient faire là?», interroge une jeune fille, avant de recevoir une boule sur l'épaule.
Cela fait près d'une heure que l'événement a commencé et le les badauds continuent d'affluer. A pied, mais aussi en skis de fond et en raquettes.
Plus tôt, samedi matin, les habitants de Washington s'étaient réveillés dans ce décors peu habituel de station de ski.
«Je suis sortie car j'allais devenir paranoïaque chez moi», disait une employée du Fonds monétaire international qui, raquettes aux pieds, remontait une rue proche, en agrippant une tasse de café «Caribou coffee», l'une des rares enseignes du quartier à ne pas avoir baissé son rideau.
«On se croirait dans les Alpes», ajoutait l'ancienne monitrice de ski native de Göttingen (centre de l'Allemagne).
Une jeune joggeuse qui courait derrière elle, s'exclamait : «c'est trop cool». «Je suis originaire de Floride, je n'ai jamais vu autant de neige», s'enthousiasmait Alix Lawe, cette physicienne de l'Armée de l'air, habillée d'un léger collant noir et d'une petite veste violette.
Joseph Bratcher photographiait lui des arbres aux branches recouvertes d'une épaisse couche cotonneuse. Ou carrément cassées à cause de la tempête de neige baptisée «snowpocalypse» ou «snowmageddon» par les habitants.
Même le convoi présidentiel de Barack Obama, qui file d'habitude à vive allure dans les rues de la capitale, était contraint de rouler au pas dans la neige aux abords de la Maison Blanche.
Ed Zuckermar arpentait les rues en skis de fond. «J'espère qu'ils ne vont pas déneiger trop vite !», plaisantait-il à travers sa cagoule.
CNN a filmé la bataille de boules de neige géante:
(afp)