Grèce«J'ai vu cette meute de 60 personnes s'approcher»
Le camp de réfugiés de Souda a été le théâtre de violences, dans la nuit de mercredi à jeudi. Présent sur place en tant que volontaire, un Valaisan revient sur ces incidents.
L'île de Chios a été secouée dans la nuit de mercredi à jeudi par de violents incidents. Le camp de réfugiés de Souda a été dévasté, incendié, des tentes éventrées et des habitations situées aux alentours évacuées dans la panique générale. L'agence de presse Belga, qui reprend une information du site internet grec Politis, écrit qu'un groupe de migrants a pillé un magasin de feux d'artifice avant de s'attaquer au camp de réfugiés, embrasant une grande partie des installations. La police anti-émeute a dû intervenir et les migrants ont commencé à jeter des pierres.
Alexandre Lopez, un Valaisan présent sur le camp en tant que coordinateur médical pour l'organisation Eastern Shore Rescue Team, revient sur cette nuit cauchemardesque. L'ambulancier de 46 ans est formel: des militants d'Aube Dorée sont impliqués dans les heurts. Le Suisse raconte qu'en réponse au pillage du magasin, des militants du parti d'extrême droite sont entrés en scène. Ils ont également commis des vols dans ce commerce avant de se coordonner via téléphone portable puis d'attaquer le camp: «J'ai vu cette meute de gens armés de manches de pioches s'approcher. Ils ont grimpé sur la muraille qui surplombe le camp et commencé à jeter des rochers de 3-4 kg et de puissants engins pyrotechniques. Des familles étaient en train de dormir», décrit-il par téléphone à «20 minutes».
Sur les réseaux sociaux, des défenseurs des droits des réfugiés ont publié des photos appuyant le témoignage du Valaisan. Les images montrent les imposantes pierres que les militants d'Aube Dorée auraient lancées sur les tentes.
Le site russe RT évoque pour sa part «un affrontement» entre les réfugiés et les militants d'extrême droite. Dans la journée, des représentants du parti s'étaient réunis sur l'île pour un meeting. Une réunion considérée par les migrants comme une provocation.
Selon Alexandre Lopez, les réfugiés ont répliqué avec fracas: «Il est vrai que leur réponse a été brutale. Ils ont agi en légitime défense. Ces gens sont nés dans la guerre, ils ne savent répondre à la violence que par la violence», explique l'ambulancier, qui doit rentrer samedi en Suisse. Le Valaisan a par ailleurs vu des policiers procéder à l'arrestation musclée de plusieurs volontaires, qui ont été libérés depuis. Alexandre Lopez évoque une dizaine de blessés, dont un grave. «Le médecin de l'hôpital est dépassé», conclut-il.
Les incidents en images
Un camp surpeuplé
Le camp de Souda, à Chios, accueille plus de 4000 réfugiés, soit quatre fois plus que sa capacité initiale, selon les autorités grecques des migrations. C'est le deuxième plus grand centre d'accueil après celui de Lesbos. Au total, 16'000 migrants sont hébergés dans ces structures réparties sur les îles de la mer Egée. Ils y sont bloqués après la fermeture des frontières en Europe, en mars, et l'accord UE-Turquie, qui vise à limiter le flux migratoire.