Deux ans après le tsunami, les touristes affluent en masse
Alors que les plages de Phuket ont fait peau neuve, d'autres régions moins prospères se relèvent lentement du cataclysme, mais les touristes sont de plus en plus nombreux à se rendre en Thaïlande.
Durant les quatre premiers mois de l'année, soit un an seulement après la catastrophe, la demande touristique pour l'Asie du Sud a enregistré une croissance de 21 %, selon l'Organisation mondiale du tourisme.
En Thaïlande, l'aéroport de Bangkok a accueilli près de 30 % de touristes de plus pour cette première saison après le tsunami. Au Sri Lanka, 80 % des infrastructures existantes avaient été reconstruites.
Pour la saison qui s'ouvre, de novembre à février, la tendance se confirme. Les agences de voyage suisses, Kuoni et Hotelplan, font état de réservations records pour les plages thaïlandaises et les Maldives. Seule ombre au tableau: le Sri Lanka, dont la cote d'amour a chuté en raison de la guerre civile qui a repris cet été.
Populations locales délaissées
Tirant le bilan de cette vaste entreprise de reconstruction, Heinz Fuchs, directeur de l'ONG allemande Tourism Watch, est déçu. Selon lui, l'objectif a surtout visé à relancer le plus vite possible et à grand renfort d'argent et de marketing une industrie très rentable.
La reconstruction n'a en revanche pas considéré la question d'une meilleure redistribution des bénéfices du tourisme aux populations locales. Un rapport commandé par Tourism Watch énumère, exemples à l'appui, les promesses non tenues dans les régions touchées.
Les auteurs citent ainsi un rapport américain d'octobre 2005 qui constatait après enquête au Sri Lanka que près de 80 % des populations qui avaient perdu leur maison dans le tsunami vivaient toujours dans des camps de réfugiés ou chez des parents. 60 % des gens touchés subissaient encore, neuf mois après le désastre, une perte de revenu de plus de 50 %. Seuls 8 % des bénéficiaires de l'aide gouvernementale s'estimaient satisfaits.
Associer les habitants
Pour l'auteur du rapport allemand, la reconstruction a surtout omis d'associer les habitants des communes concernées aux décisions prises. Les autorités, étroitement associées aux investisseurs privés, ont également failli dans la formation au développement durable du personnel travaillant dans le secteur.
Selon Heinz Fuchs, le développement du tourisme dans ces régions doit à l'avenir non seulement tenir compte des droits sociaux des individus mais aussi évaluer la viabilité à long terme des écosystèmes face au déferlement de millions de touristes ainsi que l'impact du réchauffement climatique sur ces zones côtières.
Les organisations non gouvernementales (ONG), en prise directe avec les populations locales, nont pas échappé aux pressions liées au business du tourisme.
A une échelle très modeste, la Chaîne du Bonheur a par exemple dû refuser plusieurs dizaines de demandes de particuliers qui réclamaient un soutien pour reconstruire leur petite échoppe sur la plage, relève Héribert Kaeser, chef de projets à la fondation.
Menace toujours actuelle
Alors que la reconstruction des sites touristiques est terminée de longue date et que l'aide des ONG arrive lentement à son terme, les côtes de cette région restent à la merci de la convoitise des promoteurs touristiques.
Dernier exemple, le gouvernement indien a proposé cette année d'ouvrir au tourisme 15 nouvelles îles inhabitées de l'archipel des Andaman. L'accès aux îles d'Andaman et Nicobar était jusqu'à il y a peu très limité afin de protéger la faune et la flore uniques ainsi que les populations primitives. (ats)