AllemagneLa droite des conservateurs remontée contre Angela Merkel
A six mois des législatives allemandes, la chancelière Angela Merkel, confrontée à l'épineux dossier Opel, fait face à un début de fronde dans son parti conservateur.
Les sociaux- démocrates (SPD) remontent en revanche dans les intentions de vote.
Les derniers sondages donnent une Union chrétienne-démocrate (CDU) en perte de vitesse. Avec 32% d'intentions de vote, la CDU et sa petite soeur bavaroise CSU ne sont plus très loin devant le SPD (27%), son partenaire actuel de coalition mais son adversaire déclaré pour les législatives du 27 septembre.
En troisième position, les libéraux du FDP plafonnent à 17%. Ils attirent un électorat de droite rétif aux aides publiques, même pour le groupe automobile en difficulté Opel, et davantage encore à d'éventuelles nationalisations.
Face à cette chute, plusieurs barons du parti demandent à sa présidente d'affirmer davantage son ancrage conservateur, en matière économique comme «sociétale».
Pour le vice-président du groupe conservateur au Bundestag, Wolfgang Bosbach, cité par le magazine «Focus», le danger est grand qu'aux prochaines élections «nos électeurs de base restent chez eux ou votent pour le FDP».
«Il faut montrer que le chapitre de la grande coalition (CDU/CSU/SPD) est clos et qu'un nouveau s'ouvre où la CDU doit dire clairement ce qu'elle est», renchérit Günther Oettinger, ministre- président de l'Etat-régional du Bade-Wurtemberg. «Il ne faut pas donner l'impression que la CDU est le parti de l'Etatisme».
Angela Merkel, souvent critiquée pour son incapacité à trancher, doit décider si l'Etat va voler au secours d'Opel, l'un des symboles de l'automobile allemande et filiale de l'américain General Motors au bord de la faillite. Le groupe emploie 27'000 personnes et en fait vivre des milliers d'autres chez les équipementiers.
Le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, qui veut succéder à Mme Merkel, pourrait profiter de cette crise. En tant que social-démocrate, il n'a pas de complexes idéologiques à envisager une aide massive de l'Etat pour sauver des groupes privés.
Les Allemands satisfaits de son travail sont désormais plus nombreux que ceux plébiscitant la chancelière, selon un récent sondage d'Infratest dimap (65% contre 63%).
Mais les critiques contre Angela Merkel ne sont pas seulement d'ordre économique. Sa molle défense d'Erika Steinbach, présidente de la Fédération des expulsés et membre de l'aile droite de la CDU, dont la Pologne et le SPD réclamaient la tête, a aussi fait des vagues au sein du parti conservateur.
Mme Steinbach, accusée à Varsovie de vouloir relativiser les souffrances dues au nazisme, ne siègera finalement pas à la direction d'un futur centre berlinois de mémoire sur les expulsions après 1945.
«Beaucoup à la CDU auraient souhaité que Mme Merkel défende sans ambiguïté» Mme Steinbach, souligne dans son éditorial l'édition dominicale du «Frankfurter Allgemeine Zeitung».
Enfin, les demandes d'explications adressées au pape Benoît XVI par la chancelière, protestante, sur l'affaire de l'évêque négationniste Richard Williamson ont froissé les catholiques les plus traditionalistes de la CDU, parti aux racines chrétiennes très ancrées.
L'ancien ministre-président de l'Etat-régional Saxe-Anhalt Werner Münch a ainsi démissionné de la CDU le mois dernier. Il a accusé la chancelière d'avoir «humilié» le pape.
(ats)