EbolaDes chercheurs suisses modélisent l'épidémie
Des scientifiques de l'EPFZ ont décrit mathématiquement l'épidémie d'Ebola à l'aide de données de patients. Conclusion: la durée de quarantaine est trop courte.
L'équipe de Tanja Stadler, du Département des biosystèmes de l'EPFZ à Bâle, a analysé les séquences d'ADN de 70 patients tombés malades d'Ebola en mai et juin en Sierra Leone, établissant un arbre généalogique du virus à l'aide d'un programme informatique.
Elle obtient ainsi un taux de reproduction du virus de 2,18 êtres humains contaminés en moyenne. Les estimations oscillaient jusqu'ici entre 1,2 et 8,2. Le taux de reproduction d'un virus est le nombre moyen de cas secondaires générés par une personne durant la période où elle est infectieuse.
«Un gros avantage de notre méthode est qu'elle prend en compte les cas non enregistrés et donc la vraie mesure de l'épidémie», explique Mme Stadler, citée mercredi dans un communiqué de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Les chercheurs ont estimé la zone grise des cas non recensés à environ 30%.
Ils ont en outre déterminé le temps d'incubation jusqu'à l'apparition des premiers symptômes à 5 jours et la durée de contagion entre 1,2 et 7 jours. «Nos données laissent penser que la quarantaine de trois jours décidée en Sierra Leone était trop courte pour identifier toutes les personnes contaminées», a expliqué Mme Stadler à l'ats.
Données récentes
Pour prédire l'évolution de l'épidémie actuelle, il faudrait des données ADN récentes, mais elles ne sont pas disponibles. Le génome du virus change en effet très vite, d'un jour à l'autre et d'un patient à l'autre.
«Si nous recevions de nouvelles séquences, nous pourrions avoir des chiffres précis dès le lendemain», estime Tanja Stadler. Elle entend par conséquent faire connaître ses travaux à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et à la Fondation Bill et Melinda Gates, qui luttent contre l'épidémie.
Par ailleurs, l'OMS a souligné lundi que le virus Ebola est capable de survivre dans le sperme jusqu'à 90 jours après la guérison des patients. L'usage de préservatifs est donc impératif durant ce laps de temps. (ats)
Ebola pourrait coûter 32 milliards de dollars
Le coût économique d'Ebola pour l'Afrique de l'Ouest pourrait dépasser 32 milliards de dollars d'ici à la fin 2015 si l'épidémie venait à s'étendre hors des trois pays actuellement touchés, affirme la Banque mondiale mercredi.
«Si l'épidémie devait frapper un nombre important de personnes dans les pays voisins, dont certains ont des économies bien plus importantes, l'impact régional financier sur deux ans pourrait atteindre 32,6 milliards de dollars d'ici à la fin 2015», assure un rapport de l'institution.
Une société minière britannique s'effondre
La société minière britannique London Mining s'est effondrée mercredi à la Bourse de Londres après avoir prévenu que son action pourrait perdre toute valeur, au moment où l'épidémie d'Ebola en Afrique dissuade les investisseurs d'apporter les capitaux nécessaires. Le groupe concentre son activité sur la mine de minerai de fer de Marampa en Sierra Leone, l'un des pays touchés par le virus. Mais l'expansion de la maladie semble décourager les investisseurs potentiels, pourtant indispensables alors que le groupe est déjà endetté.