Le dalaï lama devrait attirer les foules en France
La visite du dalaï lama en France, essentiellement consacrée à des enseignements religieux, est attendue avec impatience par les quelque 600.000 bouddhistes que compte le pays.
Ce sixième cycle d'enseignement accordé aux bouddhistes français débutera mardi par un déplacement à l'Institut Gandèn Ling situé près de Fontainebleau (Seine-et-Marne), où il bénira une nouvelle salle de prière.
Cette congrégation a été fondée en 1978 par le premier lama tibétain qui visita la France après l'invasion du Tibet, Dagpo Rimpotché, qui la dirige d'ailleurs toujours.
«Sa formation a été assurée par les mêmes tuteurs que le dalaï lama, les deux hommes se connaissent bien», précise à l'Associated Press Claire Charpentier, une représentante de l'Institut, qui se refuse à commenter l'absence de rencontre entre le chef du gouvernement tibétain en exil et Nicolas Sarkozy.
La réception du Prix Nobel de la paix 1989 répond à «une invitation lancée il y a très longtemps mais il fallait trouver un créneau dans l'emploi du temps très chargé de Sa Sainteté», d'après la même source, qui estime «entre 700 et 800» le nombre de personnes qui devraient être présentes pour recevoir l'enseignement du 14e dalaï lama.
La mairie d'Evry (Essonne) s'apprête, elle, à gérer une affluence certainement plus massive en raison de la bénédiction que le chef spirituel tibétain va offrir mardi après-midi à la plus grande pagode d'Europe, la Pagode Khanh Anh, fréquentée par les bouddhistes vietnamiens.
«La présence du dalaï lama, symbole de résistance, est très importante pour nous», a confié à l'Associated Press le Vénérable Thich Minh Tam, président de la Congrégation bouddhique vietnamienne unifiée en Europe. «Nous n'avons pas oublié qu'en 1994, il avait adressé un message de soutien aux dirigeants de l'église bouddhiste unifiée vietnamienne», interdite par les autorités de Hanoï.
Un écran géant installé à l'extérieur retransmettra la cérémonie qui devrait durer de 13h à 16h, a-t-il précisé en disant attendre «au moins 3.000 personnes, peut-être le double».
Beaucoup parmi la très forte communauté bouddhiste vietnamienne d'Ile-de-France qui compte 50.000 membres devraient être au rendez-vous. La pagode d'une surface de 4.000 m2, actuellement en construction, devrait être inaugurée «en 2010 si tout va bien»: «Sur 15 millions d'euros, il nous manque encore 8 à 9 millions», a précisé le religieux vietnamien.
Outre un passage au Sénat mercredi, un autre temps fort de cette visite aura lieu dans la matinée de jeudi au centre Vajradhara Ling basé à Aubry-le-Panthou (Orne). Pour Joëlle Brault, une des responsables du centre, la venue du XIVe dalaï lama «est une grande bénédiction car il est la plus haute autorité spirituelle du bouddhisme tibétain».
«Il aurait déjà du venir à l'été 2006 mais il avait dû annuler en raison de problèmes de santé», a-t-elle déclaré à l'Associated Press, précisant que le dalaï lama «sera accueilli à son arrivée par les membres de notre congrégation en tenue traditionnelle». «Au sein de l'association Océan de Sagesse qui regroupe trois centres bouddhiques, nous sommes à l'origine de la venue cette année de Sa Sainteté et nous attendons au moins 2.000 personnes à cette occasion», a indiqué Mme Brault.
Après avoir béni le plus grand stupa d'Europe bâti dans cette congrégation fondée en 1982, le dalaï lama -Tenzin Gyatso dans le civil- s'adressera au public avec un discours sur la paix. Un choix qui n'est pas innocent, un Temple pour la Paix étant en construction dans l'enceinte du centre. «La première pierre a été posée en 2003 et nous continuons à récolter les fonds nécessaires», a indiqué Mme Brault.
Mais c'est le centre Rigpa Lérab Ling de Roqueredonde près de Lodève (Hérault), dernière étape au programme du lauréat 1989 du prix Nobel de la Paix, qui retient le plus l'attention au final.
La consécration du plus important temple bouddhiste d'Europe n'était pas destinée à déchaîner les passions mais avec l'annonce par l'Elysée que Carla Bruni-Sarkozy assisterait à la cérémonie, l'événement a pris une ampleur inégalée, sur le plan médiatique du moins.
«La dernière visite du dalaï lama chez nous avait attiré plus de 12.000 personnes en 2000 mais cette fois avec les mesures de sécurité il ne devrait pas y avoir plus de 3.500 personnes», a souligné à l'AP une porte-parole du centre, Joséphine Vigier.
Faisant partie d'une des onze congrégations bouddhistes officiellement reconnues depuis 2002 par le ministère de l'Intérieur et des Cultes, le nouvel Institut de Sagesse et de Compassion qu'inaugurera le dalaï lama «aura comme objectif principal de mieux faire connaître la culture et la tradition bouddhistes du Tibet».
Le site de Roqueredonde a vu le jour à l'initiative du lama Sogyal Rinpoché, l'auteur du «Livre Tibétain de la Vie et de la Mort». Il a coûté huit millions d'euros et accueille actuellement «400 personnes de 31 nationalités différentes qui se sont engagées depuis 2006 dans une retraite de trois ans sur place», selon Mme Vigier.
Hormis ces cérémonies, l'essentiel de la visite du chef spirituel des bouddhistes tibétains qui se termine le 23 août consiste en des conférences qu'il tiendra au Zénith de Nantes du 16 au 20, où 7.000 personnes sont attendues. (ap)