AllemagneLe journaliste turc Dündar veut lancer un média
L'influent journaliste turc d'opposition Can Dündar, qui vit en exil en Allemagne, veut continuer à informer sur la situation en Turquie.
«Nous envisageons de créer un organe de presse en dehors de la Turquie, mais à destination de la Turquie», a indiqué Can Dündar mardi soir. Il s'exprimait en marge de la cérémonie de remise du 25e Prix RSF-TV5 Monde pour la liberté de la presse à Strasbourg (France).
«Il y a des centaines de journalistes turcs qui se retrouvent sans emploi à la suite de la répression récente. Ensemble, nous pouvons faire quelque chose pour montrer au gouvernement qu'il ne peut pas empêcher les journalistes de donner des informations», a ajouté l'ex-rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, une des bêtes noires du président Recep Tayyip Erdogan.
Accusé d'avoir divulgué des «secrets d'Etat» en Turquie pour avoir publié un article sur la livraison d'armes par les services secrets turcs à des rebelles islamistes en Syrie, il a été condamné en mai à cinq ans et dix mois de prison.
Le journaliste se trouve également sous la menace d'une condamnation pour des liens présumés avec l'organisation de l'ex-prédicateur Fethullah Gülen. Celui-ci est accusé par les autorités turques d'être le cerveau de la tentative de coup d'Etat de juillet.
Plus grande prison de journalistes
Victime d'une tentative d'assassinat, Can Dündar a quitté la Turquie pour l'Allemagne, expliquant qu'il ne pouvait pas faire confiance au pouvoir judiciaire de son pays. A Strasbourg, il a à nouveau dénoncé la situation dans son pays, devenu «la plus grande prison de journalistes au monde», et l'inertie des dirigeants européens face aux purges menées par les autorités.
«Dans les mois prochains, en Turquie, il y aura plus de violence et c'est dans ce contexte qu'Erdogan convoquera un référendum, puis des élections anticipées», a-t-il estimé.
Depuis la tentative avortée de putsch, les autorités turques ont lancé de très importantes purges contre les médias d'opposition. Le 5 novembre, neuf responsables et journalistes du journal Cumhuriyet ont été placés en détention en Turquie.
Citoyen d'honneur de Paris
Mardi s'est également ouvert à Istanbul le procès du représentant de Reporters sans frontières en Turquie, Erol Önderoglu, et de deux autres militants. Ils sont accusés de «propagande terroriste» pour avoir participé à une campagne de solidarité avec un quotidien pro-kurde.
«Aujourd'hui, que reste-t-il de libre en Turquie? Presque rien. C'est l'histoire de la chute d'un pays vers le despotisme», s'est indigné le secrétaire général de Reporters sans Frontières, Christophe Deloire. Plus tôt dans la journée, Can Dündar avait été fait citoyen d'honneur de la Ville de Paris. (nxp/ats)